Le 3 octobre 1988 fut un " jour noir " pour Nîmes et sa région. Des torrents d’eau et de boue déferlent sur la cité occasionnant des pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables.
Source : "Les événements naturels dommageables en France et dans le monde en 2007", pages 32 à 41. |
Dans la nuit du 2 au 3 et en matinée du 3, un orage d’une très grande intensité est venu s’immobiliser sur les hauteurs de la ville.
Comme le montre la carte d’isohyètes, le noyau de fortes précipitations s’est concentré essentiellement sur Nîmes (au nord immédiat de la ville, entre le mas de Vacqueyrolles et le mas de Cabannes, c’est à dire en tête même de l’ensemble des bassins versants des cadereaux) et les communes avoisinantes.
Obtenue à partir des cumuls de précipitations en 24 heures, comptabilisés de 06 h à 06 h UTC le lendemain, il faut ajouter les 2 journées du 2 et du 3 pour visualiser les pluies tombées réellement en moins de 8 heures...
Le maximum des précipitations relevées est de 420 mm au Mas de Ponge, sur les hauteurs de Nîmes. Cette valeur, énorme, puisqu’elle correspond à plus de la moitié de ce qui tombe en moyenne en 1 an ! est en réalité sous-estimée, car le pluviomètre a débordé au cours de l’épisode.
Intensités remarquables :
L’intensité pluvieuse a été voisine de 50 mm par heure pendant environ 6 heures.
La valeur maximale des précipitations mesurée a atteint 420 mm au Mas-de-Ponge dont 220 mm entre 8 h et 11 h 30 locales, pour une moyenne annuelle des précipitations de 760 mm.
A la station météorologique de Nîmes-Courbessac, 263 mm sont tombés dans la matinée du 3 dont 35 mm de 4 h10 à 7 h locales, puis 160 mm de 7 à 10 h, et 228 mm de 7 à 13 h.
Au poste DDE de Nîmes-Kennedy, 311 mm sont tombés dans la matinée du 3 dont 100,5 mm de 4 h à 7 h locales, puis 124,5 mm de 7 à 10 h, et 210 mm de 7 à 13 h.
A quelques kilomètres de là, la station de Nîmes-Garons, sur la commune de Saint-Gilles, a recueilli seulement 35 mm, ce qui illustre bien l’acuité du phénomène.
A noter que les jours précédents, des pluies avaient participé à la saturation des terrains perméables de la garrigue, diminuant d’autant ses possibilités de rétention des eaux ruisselées.
A Nîmes-Courbessac :
- 34,3 mm le 29/09,
- 1,3 mm le 30/09,
- 21,1 mm le 01/10
- et 4,6 mm le 02/10.
400 mm équivalent à 400 litres d’eau par mètre carré, soit 4000 m3/ha ! Ainsi, plus de 90 millions de m3 d’eau se sont déversés en quelques heures sur les gorges du Gardon et les bassins du Vistre et du Rhony.
A eux seuls, les bassins versants des cadereaux ont reçu plus de 15 millions de m3, provoquant des ruissellements intenses sur la ville.
Nîmes et les inondations : une histoire de longue date :
Tout au long de son histoire, Nîmes a régulièrement été frappée par des pluies diluviennes (Source : 3 octobre 1988 : Inondations sur Nîmes et sa région. Desbordes M.)
Les premières indications sur les inondations de Nîmes remontent au XIVe siècle. Les chroniques historiques font état notamment :
de 2 catastrophes majeures équivalentes à celle du 3 octobre 1988 : - le 29 août 1399 et le 9 septembre 1557
et de 13 évènements " secondaires " dont le plus récent datait de novembre 1963.
Parmis les plus intenses : le 30 août 1904, il est tombé 230 mm à Nîmes-Ecole-Normale en quelques heures, dans la nuit du 24 au 25 juin 1915, 138 mm en peu de temps sur la ville.
A lire sur la catastrophe de Nîmes l’ouvrage :
"3 octobre 1988, Inondations sur Nîmes et sa région". (Desbordes M. Durepaire P. Gilly J. Cl., Masson JM., Maurin Y.) - Editions Lacour 1989.
Voir un extrait de ce livre, relatif à l’historique des événements majeurs sur la ville.
2 années plus tard, le 12 octobre 1990, un orage très localisé s’est à nouveau produit sur Nîmes. Avec une localisation légèrement différente, il n’a pas eu les mêmes conséquences sur la ville.
Voir le rapport de la "Mission technique chargée de tirer les enseignements de la catastrophe de Nîmes du 3 octobre 1988" du CGEDD (anciennement Conseil Général des Ponts et Chaussées). (document PDF de 72 Mo à télécharger)
En imagerie satellite infrarouge, le corps pluvieux apparaît sous la forme d’un "panache", signature typique de systèmes convectifs très actifs sur les régions méditerranéennes.
Les zones colorisées en vert-jaune-blanc correspondent aux nuages les plus élevés, de type cumulonimbus, dont le sommet avoisine les 10000 mètres (leurs températures de surface sont comprises entre -38 et -54°C).
Les images radar permettent de retracer la chronologie de l’épisode (manquent 8, 9, 11 h 15 et 11 h 30 UTC).
Les zones en jaune/orangé correspondent aux plus fortes réflectivités radar, donc aux zones de précipitations les plus intenses.
En savoir plus sur les cadereaux de la ville de Nîmes
Les cadereaux sont des ruisseaux ou torrents généralement à sec, drainant l’eau des garrigues environnantes et sillonnant la ville de Nîmes.
En cas de fortes pluies, ils s’écoulent à travers la ville.