Le relevé du poste climatologique du Grand-Bornand (Haute-Savoie) ne fait état "que" de 93 mm pour cet orage du 14 juillet 1987. Ces pluies sont toutefois tombées en à peine plus d’une demie heure !

En l’absence d’image cumul radar (technique inexistante à cette époque, mais qui serait encore très incertaine aujourd’hui compte tenu de l’éloignement du radar lyonnais), on ne peut que supposer qu’il a pu tomber bien plus quelques kilomètres en amont, sur le massif des Aravis.

Extrait du Dauphiné Libéré du 16 juillet 1987 :

" Le bilan est lourd, très lourd : 19 morts et 21 disparus, sur le sort desquels on ne se fait pas d’illusions. Plus de trente morts, peut-être quarante. C’est une tragédie."

Elle aurait pu être pire encore si l’orage avait éclaté dans la nuit, surprenant des vacanciers prisonniers de leurs duvets à un moment où les deux campings auraient été complets.

Heureusement, certains vacanciers, à l’heure du drame, étaient partis en villégiature dans la région et n’avaient pas encore regagné leur point d’attache, échappant au désastre.

Entre 18 et 19 h, il y a eu deux orages consécutifs, le second étant encore plus violent que le premier.

"Généralement, nous a expliqué le maire de la station, Pierre Pochat, un orage chez nous, a 300 mètres de côté. Celui-ci faisait 3 ou 4 kilomètres. Le bassin versant a collecté les eaux. Les deux torrents du Chinaillon et du Borne se sont rejoints dans un lit étroit qui a littéralement explosé."

Des victimes retrouvées jusqu’en Suisse :

"Le flot boueux, charriant des rochers et des arbres arrachés aux berges, a emporté un pont, longé le cimetière, ravagé le camping du Borne, effleuré celui de l’Escale et la discothèque " Laser 6 " puis a emporté la route qui conduit à Entremont. Il ne s’est calmé qu’après dix kilomètres de folie dans le fond des ravins qui l’emmenaient vers Thônes et l’Arve, un plus gros torrent qui se jette dans le Rhône à l’endroit, où celui-ci sort du Léman, dans la traversée de Genève."

Matériellement, le bilan est lourd également :

"Les dégâts matériels sont considérables dans tous les domaines bien qu’à des niveaux différents.

Pour les vacanciers, dont certains ont tout perdu (caravane, voiture, bagages), pour le département (chaussées, ouvrages publics), et pour la commune du Grand-Bornand dont une part importante des infrastructures (routes, ponts, terrains de tennis) a souffert.

Il faudra plusieurs milliards de centimes pour effacer les traces de la catastrophe. (…) le préfet de la Haute-Savoie sera amené à engager la procédure qui déclarera le Grand-Bornand comme sinistrée."

  A lire sur cet événement :
un extrait (pages 27 à 32) de la publication de la Direction Générale de la Prévention des Risques du Ministère de l’Ecologie : "Les événements naturels dommageables en France et dans le monde en 2007" (47 pages, décembre 2008)

10 ans après, en mai 1997, après une longue et tumultueuse procédure juridique, la cour administrative d’appel de Lyon reconnaît le caractère prévisible de cette catastrophe et condamne l’état et la commune du Grand-Bornand à indemniser les victimes.
9 ans plus tard, le 7 août 1996, ce fut la catastrophe du camping de Biescas (Espagne).

Un autre orage très violent s’est produit 10 ans plus tard sur le même secteur. Lire sur ce sujet l’article de G. Blanchet : "L’orage du 25 août 1997 au Grand-Bornand" paru dans le n°17-18 de la revue NIMBUS, éditée par la Société Météorologique Subalpine (nov. 1997).

Voir également un événement similaire : l’orage du 24 juillet 1995 près de Serre-Chevalier (Hautes-Alpes) (Extrait du Bulletin annuel de la Commission Météorologique des Hautes-Alpes de 1995) Ci-contre voitures endommagées à La Salle les Alpes (Photo : Raphaël Blanchard)