2 décembre 1959

Catastrophe du barrage de Malpasset


"21 minutes pour tout détruire...."

1959_12_02

Dans la nuit du 2 décembre 1959, le barrage de Malpasset, situé sur la rivière Reyran, à 10 km en amont de Fréjus (Var), se rompt.

50 millions de m3 d’eau se déversent sur la ville de Fréjus inondant plus de 3000 hectares.

On dénombra plus de 400 victimes.

La date de la construction du barrage remontait à 1952-1954. Malheureusement, les tests de mise en eau totale du barrage n’avaient pas été effectués. Ils auraient peut-être mis en évidence la fragilité du barrage due à un défaut dans les roches d’appui (défaut non décelé à l’époque car les carottages n’étaient pas pratiqués. Cette catastrophe a eu pour conséquences d’améliorer les connaissances sur la perméabilité des roches et leurs réactions à la pression).

En novembre 1959, les pluies sont très importantes sur la Côte d’Azur, causant déjà de nombreuses inondations sur le Var. Un épisode déverse plus de 200 mm en 24 h, non loin, sur les Alpes-Maritimes, le 20 octobre.


Voir un clip vidéo de l’événement sur le site de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel).
Ce 2ème clip vidéo de l’INA donne un aperçu des conditions météorologiques
de ce 2 décembre sur la Côte d’Azur, dans les heures qui précédèrent la catastrophe.

Il a fallu attendre fin 2000 pour retrouver une telle pluviosité sur ce secteur.
Le tableau ci-dessous donne quelques valeurs comparées de 1959 et 2000. Les records depuis 50 ans figurent en gras.

Pluies (mm)
de novembre
(1959 et 2000)
Pluies (mm)
de décembre
(1959 et 2000)
Pluies (mm)
de novembre+décembre
(1959 et 2000)
Pluies (mm)
de septembre à décembre
(1959 et 2000)
Le Cannet des Maures
221/241
292/179
513/420
804/632
Fréjus
231/284
296 (dont 128 le 1er déc)/168
527/452
751/727
Nice
245/399
194/186
438/585
865/933

La station météorologique de Fréjus,
située sur la base aéronavale
au bord de la plage, avant ...
et après......
toute la plaine a été ravagée.
Les observations météorologiques
reprendront sur le même site
dès le 21 décembre.
On distingue l’abri posé au milieu
de la plaine d’inondation.
(Photos Météo-France)

Le barrage se remplit très rapidement en fin de mois, l’épisode du 27 novembre au 2 décembre totalise plus de 250 mm sur la zone (dont plus de 50 mm le 1er décembre, veille de la rupture).

Cet épisode est accompagné d’une tempête méditerranéenne (rafales >= 100 km/h à Toulon et Fréjus), levant une forte houle, provoquant des surcotes.

Même si la cause de la catastrophe n’est pas "directement" météorologique, les fortes pluies précédant la catastrophe ont été une cause aggravante du phénomène. (source : Foucou M.)

A lire sur ce sujet l’ouvrage de Marcel FOUCOU : "MALPASSET, Une tragédie déjà entrée dans l’histoire", 1978

- Voir le rapport de P. Fontaine sur l’épisode pluvieux qui a touché la Côte d’Azur du 27 novembre au 2 décembre 1959 (Document PDF de 15 Mo).



Carte des cumuls sur 1 jour
1er décembre 1959
Carte des cumuls sur 1 jour
1er décembre 1959
Carte des cumuls sur 6 jours
27 novembre au
2 décembre 1959
Carte des cumuls sur 6 jours
27 novembre au
2 décembre 1959

Répercussions socio-politiques et médiatiques de la catastrophe :
Outre le nombre particulièrement élevé de victimes qui place l’évènement comme le plus meurtrier depuis les inondations de juin 1875 sur la Garonne, de nombreuses conséquences suivirent la catastrophe. Il est ainsi à noter le fort engouement médiatique autour de la rupture, donnant lieu à un élan de solidarité national et international. De même, un décret interministériel est ainsi mis en place le 13 juin 1966, donnant naissance au « Comité Technique Permanent des Barrages » (ou CTPB), en charge du contrôle et du suivi des projets de construction des ouvrages dépassant 20 mètres de hauteur. En 1968, un nouveau décret autorise par ailleurs le déploiement de plans d’alerte pour ces mêmes ouvrages de plus de 20 m. Celui-ci sera transformé et approfondi en juillet 1987 avec l’établissement des Plans Particuliers d’Intervention (ou PPI).

Pour en savoir plus, Monographie de la rupture du barrage de Malpasset, Annexes de la thèse de M. Boudou