Les quantités de pluie mesurées lors de cet événement sont les plus fortes enregistrées en Corse. Les conséquences ont été désastreuses sur l’Île de Beauté.
Nombreuses victimes, terres agricoles et beaucoup d’équipements dévastés : aéroports, lignes ferroviaires, ponts, téléphone, réseau EDF, alimentation en eau … : les conséquences de cet épisode sont lourdes.
Les totaux pluviométriques observés lors de cet épisode (plus de 900 mm en 36 heures) confèrent un caractère exceptionnel au phénomène, en particulier en ce qui concerne son intensité et sa durée. En outre, les dégâts observés et l’ampleur géographique de la catastrophe témoignent de l’incroyable magnitude de cet événement pluvieux.
Les histogrammes des pluviographes disponibles témoignent de la persistance de violentes intensités pendant plusieurs heures. Les intensités horaires,graphique ci-dessous ont atteint au maximum 69 mm à Bavella (Source : École Normale Supérieure de Paris).
Intensités remarquables :
Marghèse 42,6 mm de 16 à 17 h UTC le 31 et 44,9 mm de 07 à 08 h UTC le 01 ;
Veta EDF : 42,4 mm de 20 à 21 h UTC le 31 ;
Col de Mela : 25,0 mm de 11 à 12 h UTC le 31 ;
Col de Bavella (ENS Paris) : 60,8 mm de 12 à 13 h UTC le 31 et 69,1 mm de 13 à 14 h UTC le 31.
A l’est des massifs, depuis l’Osu et la Solenzara dans l’Alta Rocca jusqu’au Golo et l’Aliso dans le Nebbiu, toutes les rivières, telles des " oueds ", ont largement débordé.
Sur l’ouest : le Fiumiccicoli et le Rizzanèse, prenant leur source dans le massif de Bavella, ont aussi connu une crue dévastatrice, la plus forte depuis un siècle.
La persistance de pluies diluviennes pendant 24 h a été remarquable conduisant à des cumuls faramineux : quasiment la normale annuelle en 2 jours !
A l’opposé sur l’ouest de la Corse, montagnes de Haute-Corse comprises, il a très peu plu. Des valeurs supérieures à 400 mm en 24 h n’avaient pas été mesurées sur l’île depuis l’épisode récent de septembre 1993 ou décembre 1953.
Voir l’événement décrit dans un article de la revue LA METEOROLOGIE n°6 de juin 1994
Voir un article de la revue Stantari (n°3 et 4) paru en novembre 2005 et février 2006
Episode de la Toussaint 1993 sur la Corse vu par le satellite
En imagerie satellite dans le canal infrarouge, les zones les plus claires indiquent les sommets nuageux les plus froids, donc les plus élevés (amas de cumulonimbus). Les précipitations les plus fortes se produisent à l’extrémité sud de ces systèmes en forme de "V".
Sur les régions méridionales, les précipitations intenses sont le plus souvent générées par ces systèmes convectifs de méso-échelle. Leur création et leur type d’organisation dépendent des caractéristiques de la circulation atmosphérique du moment (notamment de la dynamique d’altitude aux alentours de la tropopause – ici, flux de sud-ouest perturbé - et du comportement de l’atmosphère en très basses couches : forts vents d’est chargés d’air chaud et humide, convergence des vents favorisant les mouvements verticaux et donc la condensation, présence de relief favorisant ces ascendances…).
La durée de vie de tels phénomènes est de l’ordre de plusieurs heures. La plupart du temps, ces systèmes orageux se déplacent. Toutefois, dans certains cas, l’ensemble du processus - formation et trajet des cellules orageuses, mort des anciennes cellules, naissance des nouvelles - devient quasi stationnaire, cas le plus défavorable car une même zone subira des pluies intenses et durables engendrant des cumuls extrêmes.
Sur l’est de la Corse, de telles conditions ont perduré 2 jours, les périodes les plus intenses se succédant à 24 h d’intervalle : le 31 octobre de 15 à 22 UTC et le 1er novembre de 15 à 18 puis de 20 à 23 UTC.
Animation des images satellites ci-dessous de 12 h UTC le 31/10 à 23 h UTC le 01/11. Elle permet en l’absence de couverture radar de la zone, de repérer les systèmes pluvieux actifs.