Les Alpes du Sud ont connu au cours des mois d’octobre et de novembre 1926 des pluies diluviennes qui atteignirent leur maximum dans les Alpes-Maritimes. Le 24 novembre se produit un éboulement catastrophique sur le village de Roquebillière.
Les donnéees pluviométriques sont rares pour décrire les pluies qui se sont produites sur cette région, à cette période qui remonte à près de 90 ans. Météo-France a entamé depuis de nombreuses années une vaste action de valorisation de ses archives climatologiques dont une grande partie se trouve aux Archives Nationales de Fontainebleau.
Jusqu’à présent il n’a pas été possible d’accéder au fonds concernant les Alpes-Maritimes sur cette période, mais peut-être que dans l’avenir il sera possible de retrouver les documents relatifs à ces mesures.
2 articles parus en 1927 et 1929 relatent toutefois la catastrophe du 25 novembre 1926 à La Roquebilière et donnent des éléments sur les pluies qui ont été mesurées :
Voir l’article de E.Maury et E.Bénévent. Références bibliographiques : (Source : http://www.persee.fr, site du Ministère de la jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche, Direction de l’Enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation Bénévent Ernest, Maury E.. Les grandes pluies de l’automne 1926 et la catastrophe de Roquebillière (Alpes-Maritimes). In : Revue de géographie alpine. 1927, Tome 15 N°1. pp. 151-157.) url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1927_num_15_1_5021
En 1926, d’après l’article de René de Rham dans "Le climat des Alpes méridionales" (extrait de la revue mensuelle "La Météorologie" de 1929), il existait 2 points de mesure à Nice (l’Observatoire du Mont-Gros et la station météorologique de Nice située au Musée Masséna) et seulement 6 postes climatologiques sur le département : Sospel, Peira-Cava, Venanson, Beuil, Saint-Auban et Grasse-ville.
Le tableau ci-dessous reprend les valeurs de pluies publiées dans ces 2 articles. Celles-ci diffèrent toutefois sur les valeurs maximales mesurées à Venanson, dans un rapport de 1 à 2 ! Nous avons choisi ici de retenir les valeurs les plus basses, celles-ci ayant été publiées plus tardivement, avec peut-être un examen critique plus approfondi de ces valeurs faramineuses.
Des crues dévastatrices et de nombreux glissements de terrain furent la conséquence de ces déluges sur l’ensemble des Alpes-Maritimes :
"Partout des routes coupées, des lignes de tramways obstruées ou emportées, des villages privés de toute communication. Vallées du Var moyen et supérieur, de la Tinée, de la Vésubie, de la Roya, du Paillon, de l’Estéron, toutes ont souffert, à des degrés divers, de ces avalanches de boue."
Mais c’est surtout à Roquebillière que les éboulements ont pris l’ampleur d’une catastrophe. Le 24 novembre, tout un pan de la montagne s’est détaché, s’écroulant sur une partie du village : 20 maisons sont anéanties et 19 personnes sont restées sous les décombres.
Cette valeur de 750 mm en 1 mois serait un record à ce jour sur le département des Alpes-Maritimes, où les 600 mm en 1 mois n’ont été dépassés qu’en :
novembre 1951 : valeur maximale : 657 mm à St-Martin de Vésubie,
janvier 1996 : valeur maximale : 645 mm à Caussols,
octobre 1979 : valeur maximale : 675 mm à Bouyon,
novembre 2002 : valeur maximale : 679 mm à St-Martin de Vésubie,
et novembre 2014 valeur maximale : 705 mm à Sospel.
Les données disponibles permettent de proposer ce tracé d’isohyètes. Bien sûr, compte tenu de l’incertitude sur les mesures, ce tracé n’a pour but que de montrer la localisation et l’intensité probable de l’épisode.
octobre 1926 |
novembre 1926 |
octobre et novembre 1926 |