3 octobre 1958

Déluge sur les Cévennes


2 épisodes de pluies diluviennes se produisent à seulement quelques jours d’intervalle sur les Cévennes. Ils provoquent sur le Gard une véritable catastrophe.

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Ils se succèdent les 29 et 30 septembre, puis les 3 et 4 octobre.
Ceci confère à la période de 6 jours du 29 septembre au 4 octobre un caractère très exceptionnel.

Cet événement du 30 septembre au 4 octobre a provoqué 35 victimes.
Source : "Les événements naturels dommageables en France et dans le monde en 2007"
, pages 32 à 41.

Voir un clip vidéo de l’événement sur le site de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel)

Voici de larges extraits de l’article " Causes météorologiques des grandes crues cévenoles du début de l’automne 1958 " (Fontaine P. et Portela C.) dans lequel les conséquences des 2 épisodes sont décrites, ainsi que les valeurs de pluies recueillies :

"...Moins de 4 jours après le début de la première crue et alors que les populations tant éprouvées, espèrent le retour à une situation normale, de nouvelles pluies, très importantes, provoquent d’abord l’arrêt de la décrue puis une montée spectaculaire du niveau des cours d’eau, ceux-ci atteignant parfois des cotes supérieures à celles du 30 septembre .

Pourtant dans l’ensemble les précipitations des 3 et 4 octobre sont sensiblement moins importantes que celles des 29 et 30 septembre.

A la base de cette anomalie il faut voir, probablement, l’effet des nappes d’eau souterraines reconstituées par les pluies tombées fin septembre, et du ruissellement devenu ainsi quasi total (on imagine l’ampleur que pourrait prendre une crue provoquée par des pluies d’intensité égale à celle des précipitations des 29 et 30 septembre, survenant après la reconstitution des nappes d’eau souterraines).

La Cèze, à Saint-Ambroix, qui à 4 heures du matin le 4 octobre cotait 2 mètres, atteint 10 mètres à 11 heures, soit plus que lors de la crue précédente. A Bagnols la même rivière voit son niveau monter de 7 à 10 mètres au cours de la soirée.

Dans l’Ardèche, à Pont-d’Aubenas, l’eau monte de 2,80 à 4 mètres en 15 minutes, dès le matin (à 4 heures).

Le Gardon inonde à nouveau Alès. Le Vidourle, célèbre par ses crues subites, connues régionalement sous le nom de " Vidourlades ", submerge Saint-Hippolyte-du-Fort, puis Sommières (à 14 heures) où l’eau monte de 3,20 à 6 mètres en une heure. Enfin, Codolet est à nouveau inondée par la Cèze.

Mentionnons aussi le bilan dont il a été fait état, lors de la visite dans le Gard (département particulièrement touché par les inondations) de M. le Président du Conseil " 36 morts, 6 900 sinistrés, plus de 5 milliards de dégâts, 1 175 hectares ravagés, 450 automobiles détruites" .

Les deux crues (30 septembre et 4 octobre 1958) ont été précédées d’un été plutôt sec. Quant au mois de septembre, il fut encore bien plus déficitaire à condition toutefois d’excepter les précipitations considérables recueillies au cours des deux derniers jours du mois, précipitations qui ont précisément conduit aux inondations en cause. Si l’on précise que douze journées pratiquement sans pluie ont précédé les "trombes d’eau" cévenoles et, que de ce fait, aucune préparation des terrains (ou reconstitution des nappes d’eau souterraines) ne peut être envisagée, il faut alors admettre le seul effet, pour les crues constatées, des pluies considérables tombées en 48 ou 24 heures, et parfois moins… "


Hauteurs d’eau recueillies les 3 et 4 octobre 1958 :

"…Il apparaît immédiatement que les quantités d’eau recueillies les 3 et 4 octobre ont été dans l’ensemble notablement plus faibles que celles relatives aux journées des 29 et 30 septembre.

En effet, sur la carte correspondante, l’isohyète 100 mm englobe une zone beaucoup moins étendue, limitée surtout en direction de la vallée du Rhône qu’elle est loin d’atteindre.

Mais l’écart est particulièrement sensible des monts Lozère au sud du mont Aigoual où les précipitations sont deux à trois fois moins importantes. Seul subsiste le maximum pluviométrique (de 200 à 250 mm) des hauts bassins ardéchois (Chassezac-Ardèche).

En contrepartie apparaît un maximum d’une certaine importance de l’ordre de 200 mm du Gard au Vidourle (partie moyenne de ces bassins), zone qui avait reçu beaucoup moins de pluie fin septembre.

Ces différences résultent, en fait, du décalage lors de la crue du début d’octobre des maximums pluviométriques des hauts bassins cévenols vers la vallée du Rhône et la côte méditerranéenne… "

Intensités remarquables le 4 :

- Canaules et A. : 196 mm en 4 h,
- Sommières : 105 mm en 1 h 30,
- Génolhac : 150 mm en 2 h.


Tracé des isohyètes des 3 et 4 octobre 1958 (d’après Fontaine P. et Portela C.)

Carte des cumuls sur 2 jours les 3 et 4 octobre 1958