18 décembre 1919

Inondations en Alsace et en Lorraine


L’Alsace a subi, à la fin de 1919, de graves dommages causés par les inondations : les vallées de l’Ill et de ses affluents, celle de la Bruche, notamment, furent particulièrement éprouvées.

1919_12_18

Malgré le déversement de l’Ill dans le Rhin par les canaux appropriés, un très grand nombre de caves furent envahies par les eaux à Strasbourg tant par le sol même que par les canalisations des égouts.

Les lecteurs qui connaissent la station météorologique de la Porte de l’Ill apprendront avec surprise que l’eau arriva jusqu’au perron de l’établissement. Au dire du personnel ancien de ce service, pareil fait ne s’était pas encore produit.

Les crues de l’Ill ont quelquefois lieu à la fin du printemps ou en automne, comme par exemple en 1824 et 1856, par suite de pluies persistantes. Mais le plus souvent elles se produisent en hiver comme en 1844, en 1912 et 1919. Leur cause est attribuée à des pluies abondantes et continues dans le Haut-Rhin.

Si ces pluies coïncident, en outre, avec la fonte des neiges sur les sommets des Vosges, ces crues peuvent devenir dangereuses. Il est donc intéressant d’examiner les conditions météorologiques en même temps que les quantités de pluie tombées pendant les semaines qui ont précédé les inondations.

Le mois de novembre fut particulièrement pluvieux ; les quantités d’eau tombées sont moindres qu’en 1910, mais supérieures aux quantités normales déduites des moyennes de 1881 à 1905, comme l’indique le tableau comparatif ci-dessous.

Cumul mensuel de novembre 
Lac d’Alfed 
Melkerei 
Rothau 
Strasbourg 
Colmar 
Metz
Sarreguemines
1919
524.4
315.9
226.6
90.3
49.1
127.0
162.5
1910
655
329
309
122
101
175
197
Moyenne 1881-1905
185
138
106
43
35
54
59

En décembre, les pluies se divisent nettement en deux groupes, du 2 au 10 environ, puis du 18 à la fin du mois où le maximum du niveau des eaux a été atteint le jour de Noël.

A partir du 10 décembre, la température s’abaisse, devient inférieure à la normale ; il neige abondamment sur les Vosges ; puis il gèle jusqu’à la reprise de la pluie le 18. A ce moment, la température se relève subitement, devient très supérieure à la normale et les neiges fondent en même temps que de nouvelles et abondantes pluies tombent.

On conçoit ainsi comment avec un total de près de 860 mm au lac d’Alfeld pour le mois, les crues ont pu être aussi violentes, si on songe que par hectare cette quantité d’eau correspond à 8600 m3. Ce chiffre de 860 mm dépasse notablement le maximum inscrit jusqu’à cette année par le service d’Alsace et de Lorraine qui est de 842 mm en 1914.

Dans ce tableau figurent les relevés des précipitations quotidiennes des stations vosgiennes du lac d’Alfeld et Meikerei, une station de la Bruche : Rothau ; en Alsace, à Strasbourg, Colmar ; en Lorraine, à Metz et Sarreguemines. La neige est indiquée par une étoile.

Dans les colonnes de droite figurent pour le lac d’Alfeld et Rothau, jour par jour, la température moyenne, les températures du maximum et du minimum et, enfin, la température normale par périodes de cinq jours.