28 mai au 5 juin 2016

Inondations sur Paris et en région Centre


Du 28 au 31 mai 2016, de nombreuses régions connaissent des cumuls de précipitations importants et dans certains cas exceptionnels. Cet épisode pluvieux est suivi d’une accalmie le 1er juin, tandis que les cours d’eau réagissent fortement jusque début juin.

2016_05_28

Communes les plus sinistrées :
Montargis (45), Nemours (77), Melun (77), Moret-sur-Loing (77), Longjumeau (91) et Villeneuve-Saint-Georges (94)
Cours d’eau ayant débordé :
la Seine, le Loing, l’Yvette, L’Yerres et la Bièvre

Du fait de la saturation en eau des sols, les cours d’eau réagissent rapidement. Ils provoquent des crues centennales sur le bassin du Loing. La crue du Loing débute à Montargis à la fin de l’après-midi du 30 mai pour atteindre son maximum à 3,45 m le 1er juin à minuit dépassant son niveau de janvier 1910.
À Nemours, le Loing atteint 4,63 m surpassant de 38 cm son niveau de 1910. Les niveaux élevés du Loing s’expliquent par l’apport de milliers de m3 d’eau résultat d’une importante brèche formée dans le canal de Briare.
Le Loiret a été le département le plus impacté par l’événement : nombreux logements, établissements scolaires, cliniques ou maisons de retraites évacués préventivement, coupure de la route nationale 7, 80 détenus de la maison d’arrêt de Saran évacués vers d’autres établissements pénitentiaires.
L’autoroute A10 est bloquée durant toute la journée après le débordement de bassins de rétention (650 personnes sont évacuées, 250 d’entre-elles hébergées au palais des sports d’Orléans et dans d’autres structures de la commune de Saran pour la nuit).
En aval, la crue de la Seine dépasse le seuil de la crue majeure de 6 mètres pour s’établir à 6,10 m au pont d’Austerlitz soit 5 cm en dessous de la crue de 1982. Il s’agit de la 37ème fois que la Seine dépasse les 6 mètres à Paris depuis 1649 (Source : Établissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs).

Cumul pluviométrique du 28 au 31 mai 2016

Dans le même temps se produisent également des inondations localisées sur le nord du pays (Picardie et Nord-Pas-de-Calais) en lien avec des pluies orageuses les 30 et 31 mai 2016.

La pluie du 1er juin 2016
Un nouvel épisode pluvieux, de moindre ampleur, localement accompagné d’orages, aborde le pays par les frontières belges et allemandes le 1er juin en fin d’après-midi. Il concerne le quart nord-est jusqu’au Massif Central.

Le 3 juin 2016 : propagation de l’onde de crue

L’onde de crue en provenance du Loiret a des conséquences durant la journée du 1er juin sur le sud de la Seine-et-Marne :

  • des coulées de boue nécessitent l’évacuation de 80 pavillons à Nandy ;
  • le trafic du RER D est interrompu entre Melun et Corbeil.



Dans les Yvelines, un quartier près de Rambouillet est évacué par bateaux.

L’onde de crue se propage jusqu’à la Seine dans Paris :

  • on relève 6,03 m à 15 h à la station Paris-Austerlitz (source Vigicrues) ;
  • 6,10 m le lendemain à 2 heures du matin (valeur maximale liée à l’événement).



Deux éléments expliquent le caractère remarquable de l’événement :

  • Le passage d’une perturbation active sur la France, puis son blocage sur le sud de l’Allemagne a pour conséquence la mise en place d’une vaste zone pluvieuse persistante sur la France.
  • Cette perturbation très active est alimentée en air chaud et humide (caractéristique de la fin du printemps). Il se produit des cumuls de précipitations très importants, exceptionnels sur la région Centre.

Cet événement donne lieu à une vigilance rouge :

  • le 31 mai à la mi-journée, le Loiret est en vigilance rouge pluie-inondation puis rouge inondation à 16 h ;
  • le 1er juin cette vigilance rouge inondation est étendue à la Seine-et-Marne ;
  • le 2 juin, seule la Seine-et-Marne est maintenue en vigilance rouge inondation. Les départements de la région Centre puis l’Île-de-France sont en vigilance orange inondation ;
  • le 3 à 10 h, la vigilance rouge est levée ;
  • le 4 juin en soirée la vigilance rouge est activée plus en aval en Haute-Normandie. Cette vigilance rouge est levée le 5 à 8 h.

Le 6 juin, le bilan humain est de 4 personnes décédées, 6 blessés graves et 18 blessés légers.

Dans sa globalité, le mois de mai 2016 est exceptionnel. De nombreux records mensuels de précipitations sont battus :

  • à la station de Paris-Montsouris, le cumul mensuel atteint 179 mm, soit environ 3 mois de précipitations (normale calculée sur la période 1981/2010). L’ancien record était de 133 mm en mai 1992 ;
  • à Orléans, on relève 181 mm soit, là aussi, environ 3 mois de précipitations (ancien record : 148 mm en mai 1985). Il s’agit du record de précipitations mensuel, tous mois confondus ;
  • à l’échelle de la région Île-de France, la pluviométrie de mai est proche du record absolu de décembre 1999.

Paris-Monsouris pluies quotidiennes et cumuls sur 4 joursOrléans pluies quotidiennes et cumuls sur 4 jours
Paris-Montsouris pluviométrie Orléans pluviométrie


Cet événement est également décrit dans le retour d’expérience du Ministère de l’environnement, de l’Énergie et de la Mer en date de février 2017.