Retours d’est sur le Queyras

Situé à l’est des Ecrins, le Queyras bénéficie d’un régime "sous le vent", à l’abri du courant d’ouest. Ainsi, les perturbations atlantiques l’épargnent souvent.

En revanche, une à deux fois par an, le phénomène de "retour d’est" peut amener de grandes quantités de pluie ou neige, particulièrement sur le secteur du Haut-Guil et du Viso, il peut alors y tomber plus d’un mètre de neige en 24 h.


Repérage des principaux massifs montagneux des Alpes du Sud



Le Queyras a un climat très ensoleillé, peu arrosé. La pluviométrie est faible pour un massif alpin : les précipitations y sont de l’ordre de 700 à 800 mm d’eau sur l’année. Ceci est dû au fait que les massifs montagneux des Ecrins et du Pelvoux font écran aux perturbations d’origine atlantique, de sorte qu’elles n’apportent que peu ou pas de précipitations sur le Queyras.

Hauteurs moyennes annuelles de précipitations sur les Alpes du Sud. Période 1981-2010 - Méthode Aurelhy.
A l’est des Ecrins (recevant plus de 1400 mm par an)
et de de la Durance, le Queyras recueille en moyenne
moins de 800 mm par an.

L’importance des pluies ou des chutes de neige varie selon l’occurrence d’une situation météorologique particulière appelée "retour d’est", qui amène en peu de jours des précipitations importantes principalement sur la chaîne frontalière.

C’est lors d’épisodes pluvieux et/ou neigeux par "retour d’est" que les pluies les plus abondantes sont observées sur le Queyras.

Ils se produisent lorsqu’une dépression se creuse sur le golfe de Gênes avec un centre généralement situé sur la zone Corse et Sardaigne. Ces retours d’est surviennent à l’arrière d’un passage perturbé qui a traversé les Alpes puis s’est enfoncée en Méditerranée.

Les masses d’air se chargent d’humidité sur leur parcours maritime. Elles viennent buter sur le relief abrupt du Piémont italien, transportées par des vents de sud-est à est fort dans les basses couches. Elles déversent alors leurs précipitations en débordant la crête frontalière pour arroser les massifs proches de l’Italie. La zone touchée est souvent très restreinte, parfois juste le secteur du Haut-Guil-Viso et les précipitations restent cantonnées à l’est de la vallée de la Durance.

Ainsi, Abriès, Ristolas et les pentes du mont Viso peuvent recueillir un ou deux mètres de neige en deux jours (mars 1993, mars 2007), voire plus de trois mètres comme en 1978 et en décembre 2008, ou des cumuls voisins de 300 mm de pluie comme en juin 1957 et mai 2008. Sur le centre du Queyras, les chutes sont déjà moindres, et Ceillac, à l’ouest, recueille à peine la moitié de ce qui tombe à Abriès.


Abriès en décembre 2008 :
où est la voiture ?
(Photo : Mairie d’Abriès)

Valpreveyre après l’avalanche
en décembre 2008
(Photo RTM 05).

Les retours d’est ont une fréquence qui ne dépasse guère une à deux fois par an. Lorsque ce phénomène survient en dehors de la période hivernale, il peut être accompagné de crues catastrophiques provoquant de nombreux dégâts. Les exemples de juin 1957 où il était associé à une fonte nivale importante ou bien plus près de nous, les crues de juin et octobre 2000 illustrent les colères du Guil.


Situation météorologique de type "retour d’est" illustrée par la carte d’analyse du 29 mai 2008 à 00 UTC



Durant l’hiver, la survenue d’un retour d’est constitue généralement le pic d’enneigement. Les situations neigeuses de référence sont l’épisode du retour d’est du 11 au 16 janvier 1978 et plus récemment celui du 14 au 16 décembre 2008. Durant cet épisode, l’est du Queyras a connu une activité avalancheuse exceptionnelle avec des voies de communication coupées, des bâtiments et des infrastructures touchés (lignes électriques et téléphoniques, remontées mécaniques).


Le retour d’est de décembre 2008 a déposé
une abondante couverture neigeuse, avec un cumul
de 155 cm de neige fraîche à St Véran.
L’épaisseur de neige au sol relevée le 18 : 230 cm,
y a été la plus forte depuis le début des mesures
(record précédent 205 cm le 15/01/1978).
Sur le haut Guil, à Ristolas en particulier, les chutes
de neige ont été bien supérieures à celles observées
à St Véran et ont été probablement voisines du double
(ce que confirment les témoignages des habitants).
En 1978, à Ristolas, l’épaisseur du manteau neigeux,
qui n’était que de 15 cm le 11 janvier, est passée
à 1,85 m le 14 pour culminer à 3,05 m le 16.
Le cumul de neige fraîche associé n’a pas pu être
mesuré correctement, mais se situe certainement
à près de 4 m. A cette occasion, de nombreuses
avalanches se sont produites et les routes ont été
coupées dans la haute vallée du Guil.
14 au 16 décembre 2008
Ristolas : 139 mm
11 au 14 janvier 1978
Saint-Véran : 200 mm}