Les fortes pluies que l’on observe sur La Réunion sont liées à des épisodes cycloniques de plus ou moins longue durée ou à des épisodes pluvio-orageux. La Réunion détient d’ailleurs la plupart des records mondiaux de pluviométrie sur des durées allant de 12 heures à 15 jours.
Les principaux évènements mémorables sont listés dans cette rubrique avec un lien vers un descriptif plus complet basé sur les documents de l’époque.
Certains écrits mentionnent les évènements cycloniques les plus importants ayant touché l’île avant 1900, mais les descriptions que l’on peut y trouver sont souvent trop générales pour se faire une idée précise de l’intensité des phénomènes. Après cette date, les informations deviennent de plus en plus riches. À noter que c’est seulement à partir de 1960 que les cyclones portent un nom, ce qui permet de les mémoriser plus aisément.
Les quantités de précipitations apportées par les cyclones peuvent être très variables. Cette variabilité est liée à plusieurs facteurs tels que :
l’importance des masses nuageuses du système (potentiel précipitant intrinsèque du phénomène),
la vitesse de déplacement (une simple dépression s’attardant à proximité peut parfois entraîner plus de pluie qu’un cyclone),
la trajectoire (une trajectoire comme celle de HYACINTHE – avec plusieurs rapprochés successifs de l’île – peut entraîner des cumuls colossaux sur plusieurs jours).
Il ne faut pas oublier que les précipitations cycloniques, elles aussi, sont renforcées par la présence du relief. À La Réunion, cet aspect donne ainsi une importance considérable aux pluies, qui peuvent atteindre tous les records par effet cumulatif.
Voir les records mondiaux enregistrés à La Réunion
Ces pluies torrentielles provoquent inondations, coulées de boue et glissements de terrains. Les effets destructeurs sont plus importants si le sol est déjà détrempé avant l’arrivée du cyclone. A contrario, si les premières pluies interviennent sur sol sec, elles seront moins propices aux glissements de terrain mais l’érosion superficielle sera plus importante.
On peut noter que la lame d’eau moyenne la plus élevée jamais enregistrée est de 2 478 mm en 12 jours lors du cyclone HYACINTHE. Cette lame d’eau, ramenée à la superficie de La Réunion, représente un total d’environ 6,2 milliards de m3 (ou 6 200 milliards de litres d’eau).
Sur des plus courtes durées, la palme revient à DINA sur 1 jour (656 mm) et CLOTILDA sur 2 et 3 jours (856 mm et 1 079 mm).
La trajectoire de ces systèmes passe le plus souvent au nord puis à l’ouest de l’île en direction du sud, ce qui place La Réunion dans les quadrants généralement les plus actifs (sud et est). De plus, en s’éloignant, le météore oriente alors sur l’île un flux de nord qui engendre souvent des précipitations pluvio-orageuses supplémentaires. On peut noter des épisodes de courte durée (DENISE, COLINA, DINA), d’autres de longue durée (CLOTILDA, DIWA, GAMEDE), et un épisode exceptionnellement long (HYACINTHE).
Remarques :
- D’autres cyclones ont frappé la mémoire collective réunionnaise avant 1960, comme le cyclone de janvier 1948, mais on dispose de trop peu de données pour effectuer une cartographie correcte de leur pluviométrie.
- Après 1960, on se souvient aussi de quelques autres cyclones marquants, comme JENNY en 1962, FLORINE en 1981 ou HOLLANDA en 1994, mais ils ne sont pas recensés dans cette page des évènements mémorables car leur pluviométrie est trop ’faible’. Ce sont des cyclones dits ’de vent’, dont les dégâts sont principalement dus à ce paramètre.
- Le type de l’évènement, quand il concerne un système dépressionnaire tropical, est sa terminologie officielle, c’est-à-dire le stade maximal d’intensité atteint par le système au cours de sa vie. Son passage au plus près de La Réunion a pu se faire à un stade inférieur. On pourra le vérifier avec sa trajectoire sur le bassin sud-ouest de l’océan Indien. Par exemple, le cyclone tropical Hyacinthe est passé trois fois à proximité de La Réunion, mais toujours au stade de tempête tropicale modérée.
Ci-dessous la terminologie utilisée pour la classification des systèmes dépressionnaires tropicaux dans le Sud-Ouest de l’océan Indien, et qu’on retrouve sur les cartes de trajectoires :
*On notera que les rafales sur mer dépassent en général d’environ 40% les vents moyens sur 10 minutes.
- Les systèmes dépressionnaires tropicaux de la période 1979-1998 sont en cours de réanalyse par le CMRS de La Réunion, ce qui entraînera une mise à jour prochaine de leur intensité et de leur trajectoire. Les détails figurant dans les évènements mémorables listés ci-contre sont pour l’instant ceux de l’époque.
Ces épisodes interviennent surtout entre janvier et mars lorsque la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) s’attarde sur la Réunion. Ils peuvent durer plusieurs jours et engendrer des lames d’eau conséquentes par accumulation. Les mois de février/mars 1993 et de février 1998 en sont deux exemples très marquants. D’un point de vue strictement pluviométrique, ils n’ont rien à envier aux épisodes cycloniques.
Nom | Phénomène | Date | Lame d'eau |
2007 Gamede | Cyclone tropical | 2007-02-24 | 1176 mm / 4 jours |
2006 Diwa | Tempête tropicale | 2006-03-03 | 995 mm / 6 jours |
2002 Dina | Cyclone tropical | 2002-01-21 | 928 mm / 3 jours |
1998 fortes pluies | Episode pluvio-orageux | 1998-02-19 | 825 mm / 7 jours |
1993 fortes pluies | Episode pluvio-orageux | 1993-02-27 | 1118 mm / 7 jours |
1993 Colina | Cyclone tropical | 1993-01-19 | 431 mm / 2 jours |
1989 Firinga | Cyclone tropical | 1989-01-28 | 631 mm / 3 jours |
1987 Clotilda | Cyclone tropical | 1987-02-09 | 1284 mm / 7 jours |
1980 Hyacinthe | Cyclone tropical | 1980-01-16 | 2478 mm / 12 jours |
1966 Denise | Cyclone tropical | 1966-01-07 | 754 mm / 2 jours |
1964 Giselle | Cyclone tropical | 1964-02-27 | 753 mm / 4 jours |
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