Du 9 au 15 Février 1987
Ce cyclone s’est formé entre Madagascar et La Réunion et a suivi une trajectoire atypique vers l’est pour venir traverser lentement l’île entre le 13 et le 14 février 1987. Bien que les vents aient atteint 173 km/h à Gillot-Aéroport, ce sont surtout les pluies très importantes dans le Nord qui ont provoqué la mort de 9 personnes et d’importants dégâts.
Le 9, une dépression tropicale est en formation et son centre est localisé à environ 150 km à l’est-sud-est de Tamatave. Le 10, la perturbation est baptisée CLOTILDA. En début de trajectoire elle fait route vers le sud-sud-est mais sa progression est freinée puis stoppée par une barrière de hautes pressions méridionales. Le 11, elle se dirige vers le nord-est tout en se renforçant. Elle adopte alors une trajectoire qui ondule globalement vers l’est et qui la rapproche de La Réunion.
Une fois parvenue à environ 50 km des côtes réunionnaises, sa vitesse diminue et elle contourne alors l’île par le nord en restant proche des côtes.
Passage sur La Réunion
Le 13, CLOTILDA est attirée par une faiblesse dans le champ de pression méridional et se déplace vers le sud-sud-est. Elle est alors nettement ralentie par le relief et aborde en début d’après-midi la côte nord au niveau de Sainte-Suzanne au stade de cyclone tropical.
Dans la nuit du 13 au 14, à 23h30 locales, le radar du Chaudron situe le centre du système à quelques dizaines de kilomètres dans le nord-est de l’île. À partir de ce moment, le tandem couloir dépressionnaire méridional / effets orographiques fait subir à CLOTILDA des changements de cap fréquents et, par suite, un déplacement capricieux et hésitant.
Le cyclone est en effet rejeté vers le nord, avant de redescendre vers le sud et le sud-est. En fin de nuit du 13 au 14, il parvient entre Saint-Benoît et Sainte-Rose puis longe la bordure nord des Plaines avant d’évoluer dans le cirque de Cilaos en début de matinée du 14. Finalement, CLOTILDA termine son parcours insulaire en se déplaçant en direction générale du Sud. Il ressort en mer au niveau de Saint-Pierre.
Retour sur mer
CLOTILDA, alors forte tempête tropicale, est de nouveau stoppée par les hautes pressions méridionales. Elle part donc en direction de l’ouest, et son intensité augmente à la faveur de son parcours sur mer, ce qui explique une très nette aggravation des conditions météorologiques sur les régions occidentales de l’île.
Le 15, à 10h locales, CLOTILDA est centrée à environ 500 km au sud-ouest de La Réunion. En cours de journée, à la faveur d’un décalage vers l’est de l’anticyclone méridional, CLOTILDA est sollicitée vers le sud puis une fois de plus rejetée vers l’ouest. Le 16, on la situe à environ 550 km au sud-ouest de La Réunion. Puis le 17 elle est localisée à 250 km de l’extrême sud-est de Madagascar.
L’image ci-dessous montre l’œil de CLOTILDA, au nord de Saint-Denis, juste avant son passage sur l’île.
Le service météorologique notait alors que la poursuite en temps réel du phénomène, situé dans le champ du radar dans la journée du 13 et la nuit suivante, avait permis de mettre en évidence la complexité de la trajectoire du centre du système.
Ces observations permettaient de constater que si le déplacement général d’un système dépressionnaire tropical est souvent stable ou subit des modifications sur des périodes de temps assez importantes, le mouvement du centre est beaucoup plus irrégulier et peut laisser croire, si l’on n’y prend garde, à des brusques variations en accélération.
Cette constatation engageait d’une part à ne pas positionner trop souvent les systèmes dépressionnaires lorsque le danger était encore lointain, d’autre part à attendre la confirmation des indications imposant trop de variation au phénomène. Les mouvements de petite échelle, mis en évidence lors de l’évolution sur l’île, existent tout au long de la trajectoire, même si la faible densité des observations ne permet pas de les mettre en évidence.
La proximité du phénomène pendant 3 jours complets, du 12 au 15, a engendré des cumuls de pluie impressionnants. La très forte intensité de ces pluies et leur durée ont provoqué dans le département des dégâts considérables dont l’ampleur est comparable à celle occasionnée par HYACINTHE en janvier 1980.
Il convient toutefois de noter que le record mondial des précipitations recueillies en 24 heures détenu par Foc-Foc avec 1825 mm en janvier 1966 (DENISE) n’a pas été battu par CLOTILDA, les pluies maximales en 24 heures recueillies à Commerson du 12 février à 5 heures locales au 13 à 5 heures n’ont atteint « que » 1575 mm.
Les hauteurs d’eau cumulées des 11, 12 et 13 février sont également significatives. Pendant ces trois journées, des pluies abondantes ont été enregistrées sur certaines régions. À cette époque, les hauteurs d’eau recueillies constituaient même pour plusieurs stations de nouveaux records sur trois jours :
- Plaine-des-Palmistes : 2 507 mm contre 1 780 mm en février 1985 (GERIMENA)
- Bébour-ONF : 2 465 mm contre 1 647 mm en mars 1973 (LYDIE)
- Nez de Bœuf : 2 375 mm contre 1 347 mm en janvier 1980 (HYACINTHE)
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Ci-dessous l’animation des pluies cumulées de Clotilda sur La Réunion du 9 au 15 février 1987 :