Du 19 au 20 janvier 1993

Le 19 janvier 1993, COLINA, cyclone tropical de petit diamètre et de moyenne intensité, traverse l’île par le nord. Un calme central est ressenti pendant environ une demi-heure à Saint-Denis et sur un petit tiers ouest de l’île. On mesurera des rafales de vent dépassant 200 km/h. COLINA apportera aussi son lot de pluies, mais avec des conséquences moindres que lors du passage de FIRINGA quatre ans plus tôt. C’est à ce jour le dernier cyclone dont l’oeil a touché la Réunion.

Formation et évolution

Le 13 janvier 1993 à 12h UTC, une cyclogénèse est observée à environ 450 km dans le Sud-Ouest des Chagos. Elle se creuse lentement sur une trajectoire qui la fait évoluer vers l’ouest entre 11° Sud et 12° Sud.

Elle est baptisée le 15 en début de matinée. L’ensemble des données disponibles alors font penser qu’elle pourrait menacer les Mascareignes et les prévisions la mènent vers la zone Maurice/Réunion avec une intensification progressive. Les événements confirmeront cette évolution.

Dans l’après-midi du 16, COLINA infléchit sa trajectoire en direction du sud-ouest. Vingt-quatre heures plus tard, elle plonge franchement vers le sud-sud-ouest sur une trajectoire d’autant plus menaçante pour la Réunion que les modèles confirment, en altitude, un retrait vers l’est de la cellule des hauts géopotentiels que COLINA contourne. Rien ne semble devoir empêcher sa descente vers le Sud.

Le 18 janvier à 18h locale, COLINA se situe à environ 500 km des côtes de la Réunion. Les images satellitaires de la soirée révèlent une accélération de la vitesse de déplacement qui passe de 13 à 20 km/h, en même temps qu’une intensification de la perturbation. COLINA devient cyclone dans la nuit. L’œil apparaît et, au lever du jour, la vitesse de déplacement est estimée à 22 km/h.

Le 19 janvier à 10h, le centre du cyclone est situé à un peu moins de 200 km au nord de la Réunion. En fin de matinée et début d’après-midi du 19 janvier, COLINA, dont la partie sud du mur de l’œil apparaît en limite de l’écran radar du Centre Météorologique du Chaudron, ralentit très nettement sa course, restant même pratiquement stationnaire durant quelques heures.

COLINA se remet en route dans l’après-midi, descendant droit vers la Réunion.

Passage du cyclone sur La Réunion

Tandis que le mouvement vers le sud s’accélère, l’œil du cyclone, d’un diamètre d’environ 50 km, pénètre vers 18h30 locales sur la côte nord de l’île.

L’accalmie liée au passage de l’œil ne dépasse par une demi-heure et ne concerne finalement que les régions du tiers ouest de l’île, le centre de COLINA ressortant en mer vers 19h15 au niveau des côtes sud-ouest de l’île.

Au moment de son passage sur la Réunion, le cyclone COLINA est à peu près de la même intensité que FIRINGA quatre ans plus tôt. Toutefois, ses caractéristiques sont bien différentes, en particulier son petit diamètre (environ 250 km). La masse nuageuse est plus étendue à l’arrière du système, mais les pluies après le passage de l’œil ne dépassent pas en intensité celles observées à l’avant, notamment en raison de l’accélération de la vitesse de déplacement. Les vents "du retour" du mur de l’œil se révèlent également sensiblement moins forts que ceux enregistrés dans la partie avant du mur. Ainsi, malgré son passage sur l’île, COLINA n’aura apporté au final qu’assez peu de pluie comparativement à la plupart des autres cyclones mémorables.

Après son passage sur le département, COLINA s’éloigne rapidement. Le 20 janvier à 7h, il est déjà à 250 km dans le sud de la Réunion.

Bilan des dégâts

Pour l’agriculture, une première estimation faisait état de 136 millions de francs de dégâts, se répartissant de la façon suivante :
- Infrastructures (chemins, serres, …) : 30 millions
- Élevage : 6 millions
- Canne à sucre : 30 millions
- Géranium : 3 millions
- Vanille : 7 millions
- Vergers : 30 millions
- Maraîchage : 30 millions

On a dénombré par ailleurs :
- 135 maisons endommagées
- 2 433 personnes hébergées
- 100 000 abonnés privés d’électricité
- 17 000 abonnés privés de téléphone

Enfin, si COLINA n’a pas provoqué directement de pertes en vies humaines, on lui attribue cependant deux morts "indirectes" (la première dans un accident de la circulation, et la seconde blessée dans un accident domestique mais n’ayant pu être évacuée par hélicoptère en raison des conditions météorologiques et qui est décédée des suites de ses blessures).

Bilan Climatologique

Les vents les plus forts ont été enregistrés le 19 janvier 1993 à la Plaine-des-Palmistes (205 km/h), Gros-Piton Sainte-Rose (194 km/h) et Gillot (191 km/h). On ajoutera que la valeur maximale enregistrée a très certainement été dépassée par endroits, notamment sur les hauts du Nord. Il est d’ailleurs intéressant de noter, à ce propos, qu’un pylône EDF prévu pour résister à des vents de 250 km/h a été détruit à La Montagne, quartier des hauts de St-Denis. À Gillot, c’est encore à ce jour la deuxième valeur la plus forte enregistrée après celle du cyclone JENNY en 1962.

Les pluies provoquées par ce cyclone sont restées concentrées sur la seule journée du 19 mais n’ont pas été exceptionnelles à La Réunion, notamment sur les littoraux nord et sud avec des cumuls de moins de 150 mm. On a atteint environ 400 mm dans les hauts, ce qui reste assez fréquent. Il n’y a que dans les cirques et sur le massif du Piton de la Fournaise que l’on dépasse 800 mm.

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