2002 Dina

Du 21 au 23 janvier 2002

Avec DINA, La Réunion subit son épisode cyclonique le plus virulent depuis FIRINGA en janvier 1989, qui avait surtout concerné le Sud.

Trajectoire de Dina

Le cyclone tropical intense DINA est passé à quelques 65 km dans le nord-nord-ouest des côtes réunionnaises en fin de journée du 22 janvier 2002. Du fait de sa trajectoire globalement ouest-sud-ouest au nord de la Réunion, le centre de DINA est demeuré situé durant plus de 19 heures à moins de 150 km de l’île et durant près de 10 heures à moins de 100 km. L’alerte rouge a duré 28 heures. Il faut remonter à CLOTILDA en 1987 pour trouver une période de confinement supérieure.

Ainsi, si l’île a échappé de justesse aux vents les plus dévastateurs présents au voisinage du mur de l’œil de DINA, elle a ressenti toutefois de manière extrêmement sensible l’influence du passage du cyclone intense, subissant vents cycloniques et très fortes précipitations pendant de nombreuses heures.


Chronologie

Le 18 janvier, en milieu de journée, DINA devient cyclone tropical après seulement deux jours d’existence, alors qu’un développement normal requiert en moyenne 5 jours pour arriver à ce stade. Sa trajectoire le dirige alors tout droit vers l’île Rodrigues.

Le 20 janvier au matin, il atteint son intensité maximale. Les bandes périphériques ont quasiment disparu pour laisser place à une structure presque symétrique avec un petit œil central d’une vingtaine de km. DINA est alors un cyclone tropical intense de niveau supérieur avec des rafales maximales de l’ordre de 300 km/h. Heureusement sa trajectoire se redresse progressivement en direction de l’ouest-sud-ouest, à la faveur de la reconsolidation du champ de pression au sud des Mascareignes. Rodrigues échappe ainsi à l’impact direct du cyclone, dont les masses actives ne font qu’effleurer l’île. Par contre, pour les autres îles des Mascareignes (île Maurice et Réunion), cette trajectoire est très menaçante.

En fin de nuit du 21 au 22, après une trajectoire et une vitesse quasi-constantes, le centre de DINA passe à un peu moins de 65 km au nord de l’île Maurice. Les conditions les plus extrêmes associées au mur de l’œil sont passées à une vingtaine de kilomètres au large.
Sur La Réunion, les premières pluies débutent dans les hauts.

Après avoir redressé durant quelques heures vers l’ouest, la trajectoire de DINA change ensuite d’orientation au matin du 22. Un début d’incurvation s’opère alors, avec une trajectoire devenant extrêmement dangereuse pour la Réunion. Fort heureusement, le cap se stabilise à l’ouest-sud-ouest lors de la phase d’approche finale. L’alerte rouge est décrétée en début de matinée alors que les conditions se dégradent sensiblement, le Sud-Est étant le premier concerné. Tout comme lors du passage au plus près de Maurice, la trajectoire se redresse durant quelques heures vers l’ouest, ce qui fait passer le météore à une quinzaine de kilomètres plus au large qu’il n’aurait fait sinon.

Image satellitaire Noaa 12 du 22 janvier 2002 à 13h28 UTC (17h28 à La Réunion)

La façade nord-ouest de l’île échappe alors de justesse aux conditions paroxysmiques associées au mur de l’œil de ce cyclone intense, qui passe à 25 km de la route littorale et son centre à environ 65 km, soit la même distance que lors de son passage au plus près de Maurice. Pourtant les conditions extrêmes observées à La Réunion sont encore plus dégradées que sur l’île sœur, du fait de la différence d’orographie entre les deux îles, le relief réunionnais, nettement plus accentué, impliquant un renforcement des rafales de vent et surtout des précipitations.
Une grande houle cyclonique déferle sur les côtes du département. On peut avancer que la hauteur maximale des vagues ayant déferlé sur le littoral de la façade nord de l’île a pu atteindre les 14 à 15 mètres ce 22 janvier.

Image radar du 22 janvier 2002 à 17h52 locale

Dans la nuit du 22 au 23, DINA contourne La Réunion par le nord-ouest puis l’ouest, ne s’éloignant de ce fait que très lentement. Les fortes pluies vont ainsi perdurer jusqu’au matin du 24.

DINA est, sans conteste, l’un des cyclones les plus marquants ayant affecté la Réunion durant ces cinquante dernières années.


Bilan des dégâts

Le système d’alerte cyclonique, et en particulier le confinement de la population en alerte rouge, a une fois de plus démontré son efficacité dans la sauvegarde des personnes. En effet, DINA n’a fait aucune victime. Toutefois, quelques blessés ont été recensés, mais sans caractère de gravité. 2500 personnes ont été recueillies dans les centres d’hébergement. Au niveau des dégâts matériels, le bilan est très lourd. Le montant de la facture laissée par DINA est très élevé, se chiffrant à plusieurs centaines de millions d’euros, et ce sans inclure le coût économique représenté par la paralysie de l’activité socio-économique induite par DINA durant deux jours.

Le réseau routier a été mis à rude épreuve dans de nombreux secteurs. Le cirque de Cilaos est demeuré isolé pendant plusieurs jours, la route nationale 5 ayant été emportée sur plusieurs dizaines de mètres. Le réseau électrique a également beaucoup souffert : 185 000 clients privés d’électricité simultanément, sur un total de 260 000 abonnés (source EDF). Le réseau téléphonique a subi également des dommages, mais à un degré moindre en terme d’impact sur la clientèle (jusqu’à 35 000 abonnés privés de téléphone). Les communications internationales ainsi qu’avec la Métropole ont été interrompues temporairement. La distribution d’eau a été très affectée en raison de l’arrêt des stations de pompage dans certains secteurs, faute d’électricité. La télévision publique a cessé d’émettre, quelques heures durant, après l’effondrement, sous la force du vent, du pylône émetteur principal de la station RFO du Barachois. On n’oubliera pas, bien sûr, la perte pour Météo-France du radar du Colorado emporté par le vent. Dans son ensemble, le réseau météorologique a beaucoup souffert du passage de DINA, certaines stations étant fortement endommagées et de nombreux pluviomètres arrachés de leur support.

Le radar du Colorado envolé après le passage de Dina

L’agriculture a payé un lourd tribut. Les cultures maraîchères on été quasiment anéanties, les arbres fruitiers, pour beaucoup encore en production, ont subi de lourdes pertes. Même la canne à sucre a souffert par endroits. L’élevage n’a pas été épargné, avec de nombreux élevages avicoles sinistrés, en particulier. Poulaillers inondés, ruches détruites, élevages piscicoles qui débordent, la liste est longue… Les forêts ont également subi l’impact de DINA, avec de très nombreux arbres couchés par les bourrasques de vent (environ un arbre sur quatre dans la tamarinaie de Bélouve, la quasi totalité à la Plaine des Tamarins – cirque de Mafate). Les plantations de cryptomerias ont fortement souffert, ces conifères étant par endroit cisaillés et écimés massivement tels de simples fétus de paille, comme dans la forêt de Bras Sec (cirque de Cilaos).

Une case en bois après le passage de Dina (source : Journal de l’Île de La Réunion)


Bilan climatologique

Les vents ont soufflé violemment et surtout durablement avec des vents de force cyclonique qui ont, dans certains secteurs, sévi durant de longues heures. Les rafales ont atteint ou excédé fréquemment les 180 km/h sur le littoral (187 km/h à Gillot-aéroport, 187 km/h à Saint-Louis, 180 km/h à Pierrefonds-aéroport) et localement les 200 km/h dans les hauts (220 km/h à la Plaine-des-Cafres, 209 km/h au Gîte du volcan). Un seul point de mesure (en altitude) a enregistré des rafales supérieures à 250 km/h (277 km/h plus exactement au Piton Maïdo). Mais on peut affirmer avec un très bon degré de confiance, que de telles rafales ont également sévi, de manière localisée, dans les hauts les plus exposés du Nord et du Nord-Ouest, secteurs qui ont subi les plus gros dommages liés au vent.

Station du Piton Maïdo après le passage de Dina

Les précipitations ont été très abondantes, exceptionnelles dans l’Ouest et le Sud-Ouest du département. Conformes sur une bonne partie de l’île à ce que l’on observe habituellement lors des épisodes cycloniques à la Réunion, les lames d’eau recueillies ont été supérieures aux normes habituelles sur un bon tiers ouest du département, où des valeurs records ont été enregistrées, notamment sur les zones côtières. Sans avoir atteint des pics d’intensité extrêmes, ces pluies se sont maintenues durant plus de 24 heures à un niveau d’intensité très soutenu, d’où par accumulation des lames d’eau très conséquentes. Il est tombé de 300 à 600 mm sur le littoral, tandis que dans les hauts on atteint 900 à plus de 1500 mm, le maximum étant mesuré à la Plaine des Chicots (hauts du Nord) avec 2036 mm.

Ci-dessous, à titre de comparaison entre le littoral et les hauts, on liste les cumuls enregistrés au centre ville de Saint-Denis (littoral nord) et à la Plaine des Chicots (hauts du Nord) pour des durées allant de 30 minutes à 48 heures :

durée
Saint-Denis collège (altitude 36 m)
Plaine des Chicots (altitude 1834 m)
30 min
39 mm
61 mm
1 h
55 mm
115 mm
2 h
95 mm
212 mm
3 h
118 mm
292 mm
6 h
186 mm
560 mm
12 h
324 mm
1028 mm
24 h
442 mm
1568 mm
48 h
495 mm
1981 mm


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Accès aux cartes de l'épisode (avec un minimum de 200 mm):

Episode de 3 jours du 21 JANVIER 2002 au 23 JANVIER 2002
Pluies en 1 jour : 21 JANVIER 2002
Pluies en 1 jour : 22 JANVIER 2002
Pluies en 1 jour : 23 JANVIER 2002