Un peu de géographie

Le climat de La Réunion est tropical humide. Mais il se singularise surtout par de grandes variabilités liées à la géographie de l’île. L’influence du relief est tout aussi fondamentale que les effets de l’insularité.


- Présentation géographique

La Réunion est une île montagneuse tropicale culminant à 3071 m et située dans le Sud-Ouest de l’océan Indien, au sein de l’archipel des Mascareignes, à environ 21° de latitude sud et 55° de longitude est, à 200 km au nord du tropique du Capricorne. Elle est placée entre Madagascar et l’île Maurice, situées respectivement à 700 km à l’ouest et 180 km à l’est-nord-est.


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Ce département français d’outre-mer, situé à plus de 9 000 km de Paris, est composé de 24 communes, dont Saint-Denis est le chef-lieu. Avec son diamètre maximum de 70 km, l’île de La Réunion couvre une superficie de 2 512 km².

L’île est la partie émergée d’un gigantesque massif de 7 000 m de haut reposant sur le plancher océanique. Le plateau sous-marin des Mascareignes constitue un haut-fond en forme de vaste croissant, s’étalant des Seychelles à l’île Maurice. Il est délimité par la faille de Rodrigues à l’est, la fosse des Mascareignes à l’ouest et celle de Madagascar-Maurice au sud. Les formations récifales, très localisées, couvrent une partie du littoral ouest de La Réunion. La pente des fonds marins autour de l’île est très abrupte.

Le cœur montagneux de l’île - classé au patrimoine mondial de l’Unesco - abrite des paysages grandioses, dominés par deux massifs volcaniques voisins mais d’âge différent. De hauts remparts dessinent un relief souvent inaccessible, riche en milieux naturels préservés. Le climat de La Réunion lui permet de posséder une faune et une flore rares, marquées par une proportion élevée d’espèces endémiques.

Le massif du piton des Neiges, de forme conique et aux flancs inclinés d’une dizaine de degrés vers la mer, occupe les deux tiers nord-ouest de l’île. Il présente à son sommet trois importantes dépressions, profondes de plus de 1 000 m, aux parois abruptes : les cirques de Mafate (au nord-ouest), Cilaos (au sud) et Salazie (au nord-est). Entre ces trois cirques se dressent deux points culminants : le piton des Neiges (3 071 m) et le Gros Morne. Le massif du piton des Neiges n’est plus en activité mais reste le point culminant de l’océan Indien.

Le massif du piton de la Fournaise, également de forme conique et aux flancs inclinés d’une dizaine de degrés vers la mer, occupe le tiers sud-est de l’île. Il s’est édifié sur les pentes sud-est du massif du piton des Neiges. Son sommet est marqué par les traces de deux importants effondrements. Au centre de cette dépression s’est édifié le piton de la Fournaise (2 632 m). Ce massif est plus récent et entre régulièrement en éruption.

Entre ces deux massifs, les laves de nombreux pitons ont donné naissance à la Plaine des Cafres et à la Plaine des Palmistes.

Le fort caractère cisaillé de l’île, avec ses trois cirques profondément entaillés et la présence de nombreuses rivières et ravines, est dû à une forte activité érosive qui se manifeste par de grands effondrements et glissements de terrain. Les précipitations et le vent sont les principaux facteurs de cette érosion. Ils agissent notamment lors d’épisodes d’intensité extrême comme les cyclones tropicaux.

- Contexte météorologique et saisonnalité

Il existe deux saisons marquées à La Réunion. La saison des pluies, de janvier à mars, et la saison sèche, plus longue, qui débute au mois de mai pour s’achever au mois de novembre. Les mois d’avril et décembre sont des mois de transition.

Sous les tropiques, les vents dominants sont les alizés. Dans le bassin du Sud-Ouest de l’océan Indien, ils sont générés par le gradient de pression entre l’anticyclone des Mascareignes au sud et les basses pressions équatoriales au nord. Leur direction est relativement stable et varie du nord-est au sud-est avec une prédominance d’alizés d’est-sud-est.

Pendant l’été austral, l’anticyclone s’éloigne de la Réunion et s’affaiblit. Les alizés sont alors plus faibles, voire absents. Des brises faibles de direction variable prennent le relais. La vaste zone dépressionnaire qui correspond en latitude à l’équateur thermique se situe en moyenne vers 10°S mais peut descendre jusqu’au niveau des Mascareignes vers 20°S. Elle est matérialisée par la ZCIT, Zone de Convergence Intertropicale, qui prend naissance de la rencontre entre le flux de mousson chaud et humide qui vient du nord-ouest et le flux d’alizé qui vient du sud-est. Cette zone apparaît le plus souvent comme une bande de 300 à 400 km de large, orientée Ouest/Est, et qui se déplace lentement vers le nord ou vers le sud entre les deux tropiques, en suivant les oscillations de l’équateur thermique. Elle est souvent accompagnée de pluies, d’orages et de rafales de vent. Lorsque cette zone se situe au niveau de La Réunion, elle engendre des précipitations pluvio-orageuses très importantes et durables. Au sud de la ZCIT peuvent se former des dépressions tropicales qui évoluent parfois jusqu’au stade de cyclone tropical. L’aléa cyclonique intéresse alors La Réunion.

Carte de pression moyenne (en hPa) au niveau de la mer en mars (été austral)

Pendant l’hiver austral les alizés sont plus vigoureux, en liaison avec le renforcement de l’anticyclone des Mascareignes et son décalage vers la Réunion. Ils sont frais et dans l’ensemble plutôt secs. Il n’est pas rare de mesurer des rafales de 70 km/h en cette saison sur Saint-Pierre et Saint-Denis.

Carte de pression moyenne (en hPa) au niveau de la mer en septembre (hiver austral)

Le relief imposant de l’île perturbe fortement l’écoulement atmosphérique. Les alizés préfèrent contourner cet obstacle, ce qui induit un renforcement du flux sur les côtes parallèles à la direction du vent alors que les côtes face au vent et sous le vent sont complètement déventées. Ainsi, par flux classique d’est-sud-est, les côtes les plus ventées sont les côtes de Sainte-Rose à Saint-Denis dans le Nord et de L’Etang-Salé à Saint-Philippe dans le Sud. Les autres zones sont déventées. Bien entendu, dès que la direction des alizés varie un peu, les zones ventées et déventées se décalent.

Carte du vent autour de La Réunion par flux de sud-est (zones A et C déventées, respectivement au vent et sous le vent ; zones B accélérées au large des côtes)

Quand un nuage, poussé par les alizés, aborde le relief, il subit un soulèvement orographique. Les ascendances à l’origine de la formation du nuage se renforcent et le nuage devient plus actif. Ce regain d’activité se manifeste par l’apparition ou le renforcement des précipitations associées.

Illustration du soulèvement orographique

Ce mécanisme d’advection et de soulèvement orographique est à l’origine des forts cumuls de précipitations observés sur la façade est de l’île tout au long de l’année et du fort contraste pluviométrique entre la façade au vent et la façade sous le vent. Mais il suffit que le flux directeur change pour que le phénomène se transpose aux autres micro-régions de l’île. C’est le cas, par exemple, lors des remontées de fronts froids actifs où le flux de secteur sud pousse les masses nuageuses sur les façades sud-ouest et dans le cirque de Cilaos.

Lors des épisodes cycloniques, ce phénomène est exacerbé car des masses nuageuses d’extension verticale supérieure à 10 km - donc chargées de quantités phénoménales d’eau liquide et de vapeur d’eau - sont projetées sur le relief de La Réunion par les vents cycloniques. Ces épisodes sont régulièrement à l’origine de nouveaux records mondiaux de précipitations.