2014 Hellen

2014-03-29

Du 29 au 30 mars 2014

Le cyclone tropical HELLEN restera dans les annales pour son intensification très rapide et le stade de cyclone tropical très intense atteint dans la partie nord du canal du Mozambique, ce qui est très rare. Heureusement, Mayotte est restée à l’écart des conditions cycloniques les plus sévères.

Trajectoire de Hellen

Chronologie

Le 27 mars, le système est à un stade encore très embryonnaire, avec un minimum dépressionnaire identifié près de la côte nord du Mozambique et ayant pris naissance auparavant non loin de la frontière tanzanienne, une zone très inhabituelle pour voir se former un phénomène dépressionnaire.

En milieu de journée du 28, le système est encore à un stade très faible et la plupart des modèles numériques ne lui envisagent toujours pas un avenir mirobolant, une cyclogenèse n’étant même pas garantie. Malgré des conditions a priori pas idéales, le processus de formation parvient cependant à s’enclencher, conduisant au baptême de HELLEN en fin de nuit suivante.

Le temps perturbé affecte les îles principales de l’archipel des Comores, puis se décale vers l’est et gagne Mayotte, qui est à son tour touchée par de fortes pluies en journée du 29 mars.

Dans l’après-midi, le météore atteint le stade de forte tempête tropicale. Considérant cette évolution rapide et une trajectoire pour l’heure toujours orientée est-sud-est, pouvant menacer Mayotte, l’île est placée en situation de vigilance cyclonique à 15h locales, puis en alerte orange à 20h. Le centre de la tempête n’est alors plus distant que d’un peu plus de 180 km.

Sur l’image satellitaire du 29 mars, on voit nettement qu’une bande périphérique du système touche Mayotte. C’est elle qui donnera, lors de cet épisode, les plus fortes intensités de pluie sur la partie ouest de l’île.

Image satellitaire visible Meteosat 10 du 29 mars 2014 à 9h30 UTC (12h30 à Mayotte).

Mais le plus extraordinaire est à venir. Au cours des 24h suivantes, le processus de creusement s’emballe, avec un taux d’intensification extravagant, faisant gagner plus de trois points en 24h sur l’échelle d’intensité de Dvorak. Les différents stades de la classification en cyclone s’enchaînent à un rythme effréné, pour culminer au stade de cyclone tropical très intense (CTTI) en fin de journée du dimanche 30 mars.

Image satellitaire infrarouge Noaa 19 du 30 mars 2014 à 10h42 UTC (13h42 à Mayotte).

En un rien de temps, HELLEN est devenu un phénomène tout à fait exceptionnel, surtout si l’on considère sa position dans cette partie nord du Canal de Mozambique. Cela en fait sans conteste l’un des phénomènes les plus intenses observés dans cette zone depuis le début de l’ère satellitaire (1967), avec des vents excessivement violents présents autour de l’œil, les rafales maximales étant estimées avoir dépassé les 300 km/h.

Cette évolution extraordinaire, aussi détonante qu’imprévue, a été favorisée par la petite taille de ce cyclone, le cœur réellement actif faisant moins de 200 km de diamètre. Considérant l’extrême dangerosité de ce phénomène, il est heureux qu’il n’ait pas approché Mayotte davantage. À la faveur d’une inflexion de la trajectoire en direction du sud-est, le centre du météore a en effet transité à 160 km au sud-ouest de l’île en cours de nuit du samedi 29 au dimanche 30, une distance suffisante pour que l’île aux parfums demeure en marge externe du cœur central du cyclone.

Image satellitaire Noaa 18 du 30 mars 2014 à 13h47 UTC (16h47 à Mayotte)

L’alerte orange est dès lors levée le dimanche 30 mars à 18h locales, avec retour en situation de vigilance cyclonique (prenant fin en milieu de journée du 31).

L’autre bonne nouvelle aura été pour Madagascar puisque le météore a subi un affaiblissement encore plus rapide que n’avait été la phase d’intensification initiale. Si bien que l’ex-cyclone n’était plus que l’ombre de lui-même en fin de journée du 31 mars, quand son centre n’était plus qu’à quelques encablures de la côte malgache.

Bilan climatologique

Bien qu’ayant été épargnée par ce cyclone majeur, Mayotte a ressenti le souffle du passage du météore : 81 km/h mesurés le 29 à Pamandzi, puis 89 km/h le 30. Sur Grande-Terre, qui ne dispose pas de point de mesure de vent, les rafales ont probablement dépassé 100 km/h par effet d’accélération le long de certains reliefs mais la vitesse des vents cycloniques (150 km/h) ne semble pas avoir été atteinte.

Le temps a donc été perturbé sur l’île, mais sans excès, avec cependant des dégâts observés, notamment sur les communes d’Acoua et Bouéni. Les fortes pluies ont sévi essentiellement en journée du samedi 29 mars.



Pluviométrie

Vendredi 28 mars :

Alors que le système est encore au stade embryonnaire, les nuages sont bien présents sur Mayotte mais ne donnent que quelques faibles averses sur Grande-Terre. Une averse plus marquée se produit sur Petite-Terre entre 15h et 17h (28 mm à Pamandzi).

Samedi 29 mars :

Après une nuit relativement sèche, le temps se dégrade rapidement. La bande périphérique (visible sur l’image satellitaire) provoque des précipitations fortes et continues sur l’ensemble de l’île dès le début de matinée et le déluge se poursuit jusqu’en fin de journée. Ces pluies sont cependant nettement plus intenses sur les communes de l’Ouest de Grande-Terre et vont occasionner des coulées de boue et des inondations. Après quelques rares moments d’accalmie en soirée et début de nuit, les pluies reprennent en seconde partie de nuit mais en restant plus faibles.

Dimanche 30 mars :

Après une matinée plus faiblement arrosée, les précipitations se renforcent temporairement l’après-midi, mais sans atteindre les intensités de la veille, puis redeviennent plus sporadiques la nuit suivante.

(source : le Journal de Mayotte)

Sur 2 jours climatologiques (du 29 mars à 6 h au 31 mars à 6 h), le cumul maximal a été enregistré sur la commune de M’tzamboro : 275 mm. On relève une quantité similaire sur la commune de Tsingoni (264 mm à Combani).


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Pour les pluies quotidiennes, les postes de Combani (commune de Tsingoni) et Kani-Kéli dépassent les valeurs de durée de retour 10 ans.

- Pour le poste de M’tzamboro (ouvert depuis 1993) la valeur de 233 mm correspond à la deuxième plus forte valeur jamais enregistrée sur ce poste (après les 242 mm tombés le 7 mars 2004).

- Pour Vahibe Prima, la valeur de 181 mm correspond également à la deuxième plus forte valeur jamais enregistrée sur ce poste mais ce dernier n’a que 10 ans de données (le record pour ce poste est de 232 mm le 24 décembre 2006).

- Pour Poroani Musée, la valeur de 196 mm correspond également à la deuxième plus forte valeur jamais enregistrée sur ce poste mais ce poste n’a, également, que 10 ans de données (le record pour ce poste est de 200 mm le 23 janvier 2008).



Intensité des pluies

Les intensités maximales observées lors de l’épisode HELLEN ont toutes été relevées à la station de M’tzamboro :

- sur 1 h : 81 mm le 29 mars entre 11h42 et 12h42
- sur 2 h : 112 mm le 29 mars entre 10h48 et 12h48
- sur 6 h : 175 mm le 29 mars entre 07h00 et 13h00
- sur 12 h : 209 mm le 29 mars entre 04h43 et 16h43
- sur 24 h : 237 mm entre le 29 mars 03h24 et le 30 mars à 03h24
- sur 48 h : 280 mm entre le 29 mars 03h36 et le 31 mars à 03h36

Ces valeurs dépassent celles enregistrées lors de l’épisode associé à FAME en janvier 2008.

Accès aux cartes de l'épisode (avec un minimum de 200 mm):

Episode de 2 jours du 29 MARS 2014 au 30 MARS 2014
Pluies en 1 jour : 29 MARS 2014