Du 17 au 20 janvier, la zone de convergence intertropicale est très active de part et d’autre du 10ème parallèle sud. Le tracé isobarique met en évidence une série de petites dépressions du Détroit de Torrès aux îles Fidji.
Le 20, l’une de ces dépressions se déplace vers le sud et se creuse à 998 hPa vers le point 15°S et 160°5 où elle reste stationnaire durant 24 heures. L’imagerie satellitaire fait alors progressivement apparaître un début d’organisation circulaire.
Le 22 à 5 heures locales, la pression s’abaisse à 996 hPa, la masse nuageuse principale tangente le nord de la Grande Terre recouverte depuis une douzaine d’heures par une bande nuageuse axée nord-sud s’enroulant autour de la dépression et se déplaçant vers l’est-sud-est en donnant des pluies faibles.
Un second enroulement parallèle, d’une largeur de 300 à 400 km, atteint le nord du territoire le 22 à 14 heures locales, puis progressivement l’ensemble de la Grande-Terre en s’épaississant sur le centre et le sud pendant 24 heures, y provoquant de fortes pluies continues, localement diluviennes dans la nuit du 22 au 23 et au cours de la journée du 23.
Le centre dépressionnaire qui s’est déplacé vers le sud-est se situe le 23 à 5 heures locales à proximité du 17°S et du 161°E. La pression y est estimée à 995 hPa. Près du centre, les vents moyens ne dépassent pas 35 à 40 noeuds. La dépression, bien qu’étant devenue modérée, n’est pas dénommée par le Centre de Nandi.
A compter du 23 11 heures locales, la dépression se déplace vers le sud-est à la vitesse d’environ 12 noeuds soit 22 km/h. La bande nuageuse issue de l’alimentation équatoriale s’éloigne vers l’est-sud-est entre 14 et 23 heures locales le 23. Mais la masse nuageuse principale aborde le nord de la Grande Terre qu’elle traverse du nord au sud dans la nuit du 23 au 24, accompagnée de très fortes pluies le plus souvent continues et encore localement diluviennes.
Après avoir franchi le 20°S, le centre dépressionnaire estimé à 990 hPa incurve sa trajectoire vers le sud-sud-est en accélérant la vitesse de son déplacement à 15/16 noeuds pour atteindre le 24°S peu avant le 24 à 23 heures locales. Les pluies deviennent plus modérées sur le pays mais une évolution orageuse provoque localement sur la côte Est et les Loyauté d’importantes averses.
Après le passage du 25°S, le centre dépressionnaire s’éloigne vers le sud-sud-ouest à la vitesse de 22 noeuds.
Le 23, d’intenses précipitations touchent la Grande Terre. A Poya, Moindou, La Foa et Boulouparis sur la Côte Ouest, les cumuls atteignent presque 200 mm en une journée, soit des quantités décennales. A Bourail, la station météorologique de Gabe enregistre 372,7 mm. Une telle quantité de pluie à cet endroit n’est observée qu’une fois en moyenne tous les 100 ans. Sur la Côte Est, d’importants cumuls sont également mesurés : jusqu’à 222 mm à Houailou et Ouinné (Yaté), mais dans ces zones, de telles quantités ne revêtent pas de caractère exceptionnel.
L’activité pluvieuse s’intensifie le 24 et engendre des quantités de pluies torrentielles sur la Grande-Terre. La région la plus touchée est celle de Bourail et ses environs où l’on enregistre jusqu’à 582 mm en une journée. La durée de retour d’une telle quantité de précipitations est supérieure à 100 ans. A Moindou, le pluviomètre de notre observateur situé à Tiaret enregistre 425,3 mm, une quantité là aussi plus que centennale.
Le bilan des 48 heures de pluies diluviennes est dramatique sur la Grande-Terre : un mort emporté par les eaux de la Néra, un disparu, des centaines de sinistrés, un réseau routier endommagé, des cultures vivrières détruites, des maisons détruites par les eaux ou la boue... C’est Bourail qui a le plus souffert de la crue subite de la rivière Néra. Les dégâts y ont été estimés à plus de 500 millions de francs Pacifique.