La Nouvelle-Calédonie est située en région subtropicale et subit donc les influences climatiques à la fois tropicales et tempérées. L’atmosphère est caractérisée par des classes de phénomènes reconnaissables qu’on appelle « régimes » ou « types » de temps qui dépendent de deux facteurs principaux :

• un facteur d’origine tropicale : la position de la ZCPS ;
• un facteur d’origine tempérée : la position des anticyclones et dépressions mobiles (par opposition aux dépressions et anticyclones permanents).

Quatre types de temps majeurs rythment le climat calédonien, certains très pluvieux, d’autres moins. Les pluies quotidiennes les plus intenses associées à chacun de ces types de temps sont représentées sur la figure 1 : la taille de chaque cercle est proportionnelle à la somme des quantités quotidiennes de pluie mesurées par les 11 stations de référence représentatives de l’ensemble du territoire. Seules les sommes de cumuls supérieures à 200 mm apparaissent sur le graphique. Du type de temps le plus sec au type de temps le plus pluvieux, on compte : l’alizé stable, l’alizé instable, la perturbation australe et enfin le temps tropical. Un 5^ème type de temps existe, le régime anticyclonique faible, mais n’apportant pas de pluie sur la Nouvelle-Calédonie, il ne sera pas illustré ici.

• L’alizé stable : type de temps le plus fréquent en Nouvelle-Calédonie, caractérisé par un temps stable, ensoleillé et sec et qui ne laisse place qu’à quelques averses passagères et peu abondantes. Celles-ci se distribuent régulièrement tout au long de l’année.

• L’alizé instable : type de temps plus chaud mais aussi plus couvert et plus humide que l’alizé stable. Il est responsable de pluies parfois généreuses, notamment sur la Côte Est. Les pluies associées à l’alizé instable sont réparties régulièrement tout au long de l’année, sauf en saison sèche (de septembre à novembre) où on observe plus rarement ce type de temps.

• La perturbation australe : ce régime de temps est essentiellement hivernal. Il correspond au passage d’un front froid associé à une dépression de latitude tempérée qui circule le long du 40° sud. Il est responsable de pluies qui peuvent être intenses mais souvent de courtes durées, donc rarement abondantes. Il peut également favoriser des "coups d’ouest".

• Le temps tropical : ce type de temps humide, chaud et instable s’installe surtout en saison chaude (de décembre à avril) sous l’effet de masses d’air tropicales qui descendent jusqu’à nos latitudes. Ce type de temps est responsable des précipitations les plus abondantes observées au cours de l’année. Celles-ci sont souvent associées à la formation d’orages, au passage des perturbations, des dépressions tropicales et des cyclones. Ce sont elles qui assurent de manière durable la recharge des nappes d’eau.

Fig. 1 : Distribution des pluies en Nouvelle-Calédonie en fonction des types de temps sur la période du 01/01/2010 au 31/12/2017.

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Les pluies en situation d’alizé stable

L’alizé stable est le type de temps le plus fréquent en Nouvelle-Calédonie.

Situation : un anticyclone est installé en mer de Tasman et dirige un vent de secteur sud-est à est, souvent assez fort, notamment sur le lagon sud (fig. 2).

Fig. 2 : Situation d’alizé stable, du 2 novembre 2018 à 11h00 loc. (D : dépression, A : anticyclone)

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Temps associé : le temps est stable et le soleil bien présent. Seuls quelques cumulus ou stratocumulus peu actifs (fig. 3) peuvent générer des averses faibles et éparses la nuit sur la Côte Est et l’après-midi sur le relief et l’Ouest. Les nuits sont fraîches.

Fig. 3 : Stratocumulus (à gauche) et cumulus porteur d’averses à Lifou (à droite).

Crédit photographique : Christopher Vialle et Morgane Lefeuvre

Par ailleurs, par soulèvement orographique lorsque le flux d’alizé aborde un relief, la masse d’air d’origine océanique s’élève en altitude. La vapeur d’eau présente dans les basses couches atmosphérique se détend (sous l’effet de la baisse de pression), refroidit et se condense : c’est ce phénomène qui donne naissance aux formations nuageuses et aux pluies qui arrosent régulièrement les reliefs de la Chaîne, débordant parfois aussi en plaine sur le versant ouest, les jours d’alizé (fig. 4).

Fig. 4 : Cumulification sur la chaîne et averses associées.

Crédit photographique : Alain Muzellec

En tout état de cause, qu’elles soient liées au passage des cumulus ou au soulèvement orographique, les averses qui se mettent en place en situation d’alizé stable ne sont pas responsables de cumuls très importants. Exceptionnellement, et selon le type de circulation, l’alizé peut être « chargé », donnant des journées maussades avec des averses fréquentes notamment sur la Côte Est et l’extrême sud du pays.

Les pluies en situation d’alizé instable

Une situation d’alizé instable peut survenir toute l’année.

Situation : l’anticyclone mobile de la mer de Tasman se décale vers la Nouvelle-Zélande. Il dirige alors un flux d’est à nord-est sur la Nouvelle-Calédonie, y apportant des masses d’air relativement douces et chargées en humidité du fait de son long trajet maritime tropical (fig. 7).

Fig. 7 : Situation d’alizé instable du 20 octobre 2018 à 17h00 loc. (D : dépression, A : anticyclone)

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

Temps associé : en situation d’alizé instable, l’air est potentiellement instable, le ciel est variable et le risque d’averses est élevé. Celles-ci peuvent être particulièrement soutenues. Le temps est plutôt lourd, avec des températures souvent supérieures à la normale. Stratocumulus, cumulus congestus, cumulonimbus et orages sont fréquents et parfois organisés en amas ou en ligne.

Pour illustration, la situation du 16 octobre 2018 met en évidence ces amas nuageux formés dans la partie nord de l’anticyclone et qui, portés par le vent d’est, circulent jusqu’en Nouvelle-Calédonie. Ils peuvent être responsables d’importantes quantités de précipitations sur le pays : ce jour-là, des cumuls de pluie de l’ordre de 360 mm en 6 heures ont été observés (fig. 8a et 8b).

Fig. 8a : Image infrarouge et visible du satellite Himawari 8 avec superposition de la pression au niveau de la mer. Situation du 16 octobre 2018 à 17h00 loc. (D : dépression, A : anticyclone)

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Fig 8b : Impacts de foudre et cumuls de pluie sur 6 heures observés par les réseaux foudre et RADAR de Nouvelle-Calédonie. Situation du 16 octobre 2018 à 17h00 loc.

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

Les pluies en situation de perturbation australe

Les perturbations australes ont essentiellement lieu en saison fraîche.

Situation : des dépressions des moyennes latitudes circulent d’ouest en est, au sud de la Nouvelle-Calédonie, entre 30 et 40°S et génèrent un flux d’ouest sur la Nouvelle-Calédonie (fig. 5).

Fig. 5 : Perturbation australe, situation du 30 novembre 2018 à 11h00 loc. (D : dépression, A : anticyclone)

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Temps associé : associé au passage de ces dépressions, un front froid actif, parfois précédé d’une ligne de convergence pré-frontale (fig. 6) peut générer d’importants cumuls de pluie, doublés de vent d’ouest parfois violents qui justifient alors l’appellation de « coup d’ouest ».

Dans la situation du 30 novembre 2018 illustrée ci-dessous (fig. 6), on peut clairement identifier une double bande de précipitations, correspondant distinctement à la ligne de convergence et au front froid. Ce jour-là, les pluviomètres ont enregistré des cumuls de pluies qui ont atteint 67 mm en 3 h à Maré entre 17h00 et 20h00.

Fig. 6 : Image infrarouge et visible du satellite Himawari 8 avec superposition de la pression au niveau de la mer et des précipitations sur 3 heures du modèle CEP 0.5. Situation du 30 novembre 2018 à 11h00 loc. (D : dépression)

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Les pluies par temps tropical

Le régime dit tropical est un type de temps essentiellement présent en saison chaude.

Situation : le temps tropical correspond à une descente, sur le pays, d’air tropical chaud très humide et particulièrement instable. Des basses pressions se creusent au voisinage de la Nouvelle-Calédonie (fig. 9). C’est en situation de temps tropical que le pays peut être concerné par des orages ou par le passage de dépressions ou cyclones tropicaux.

Fig. 9 : Temps tropical, situation du 2 octobre 2018 à 17h00 loc. (D : dépression, A : anticyclone)

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Temps associé : le temps est très lourd et orageux avec des vents de nord à nord-est faibles. Ce régime de temps est propice aux fortes précipitations, soit sous forme d’orages nés dans la Chaîne et débordant sur le littoral, soit sous l’influence d’une dépression tropicale qui évolue dans la région. Le passage de dépressions ou de cyclones tropicaux sont souvent responsables de pluies très abondantes qui peuvent toucher l’ensemble du territoire.

• Exemple de cellules orageuses se formant le 22 novembre 2016

La carte d’analyse du 22 novembre 2016 (fig. 10), correspondant à l’épisode de pluies très intense qui a touché la commune de Houaïlou, illustre ce type de situation. A cette occasion, les pluviomètres ont enregistré des pluies pouvant atteindre jusqu’à 315 mm en 24 heures. Ces pluies ont provoqué des inondations et un glissement de terrain ravageur (fig. 11).
Cliquer ici pour en savoir plus sur cet épisode.

Fig.10 : Image satellite du 22 novembre 2016 à 11h00 loc.

Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Fig. 11 : Inondation et glissement de terrain à Houaïlou le 22/11/2016.

Source : NC 1ère

• Exemple d’un phénomène tropical : le cyclone tropical COOK

Lors du passage du cyclone COOK, des cumuls supérieurs à 400 mm en 24 heures ont été enregistrés au cours de la journée du 10 avril 2017. Dans ces circonstances, tant sur la Côte Ouest que sur la Côte Est ou aux îles Loyauté, villages et routes se sont trouvés submergés par les eaux (fig. 12).
Cliquer ici pour en savoir plus sur le cyclone COOK.

Fig. 12 : Passage du cyclone COOK le 10 avril 2017. En haut : image satellite, mosaïque RADAR et impacts de foudre le 10/04/2017 à 15h00 loc. En bas : inondation de la route principale RT1 au niveau de la commune de Boulouparis.

Sources : image du haut : Météo-France Nouvelle-Calédonie. Photo du bas : gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.