1996/03 - BETI

Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996


Le cyclone BETI, l’un des plus intenses de ces dernières décennies, est intéressant à plus d’un titre. D’une part, par les boucles successives qu’il a effectuées et d’autre part, par sa trajectoire qui a été telle qu’aucune partie de la Grande-Terre n’a été épargnée.


En bref

  • Phénomène : cyclone tropical intense BETI
  • Date des fortes pluies : du 25 au 27 mars 1996
  • Zones les plus touchées : la Chaîne, la côte Est
  • Valeurs remarquables : En une journée, il est tombé 556 mm le 27/03/1996 à la station de Méa (commune de Kouaoua).
  • Dégâts : dégâts matériels et sur l’agriculture très importants sur la Grande Terre.




Vie du phénomène


Trajectoire du cyclone tropical BETI.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie


Dans une zone de convergence active qui s’étend de la Papouasie-Nouvelle-Guinée au sud des Tonga, on note plusieurs petits minima de pression. A partir du 20 mars 1996, l’un d’eux s’organise à environ 300 km dans l’Est-Nord-Est des îles Banks (nord Vanuatu). Sa structure évolue très lentement alors qu’il se déplace vers le Sud-Ouest.

Le 23 mars en fin d’après-midi, il franchit le 14ème parallèle sud tout en atteignant le stade de dépression tropicale modérée. Le 24 mars au lever du jour, la dépression incurve sa trajectoire vers le sud et longe à moins de 50 km l’est de l’île Raga (Vanuatu).

Continuant à se renforcer, elle atteint le stade de dépression tropicale forte en début d’après-midi le 24 mars (14 heures locales) alors qu’elle pénètre sur lîle d’Ambrym (Vanuatu). Peu avant, à 11 heures locales, le centre de Nandi l’avait nommée BETI. Après avoir traversé de part en part Ambrym, BETI incurve légèrement sa trajectoire vers l’ouest et pénètre sur l’île de Mallicolo (Vanuatu) par son extrêmité sud-est, quasiment à la verticale du village de Lamap, et ressort sur la côte ouest de l’île près du village de Tavendroua. BETI est donc passée sensiblement à mi-chemin des principales villes de l’archipel du Vanuatu, Luganville (Espiritu Santo) et Port-Vila (Efate), la capitale.

Poursuivant son déplacement vers le sud-ouest puis l’ouest, BETI atteint le stade de cyclone tropical le 25 mars en cours de matinée. Il génère des vents moyens estimés à 65 noeuds (120 km/h) et des rafales à 90 noeuds (170 km/h) près de son centre.

Durant la nuit du 25 au 26 mars et durant la matinée du 26, le cyclone BETI adopte une trajectoire erratique avant de faire une boucle, en se renforçant notablement.

Le 27 au lever du jour, le cyclone se situe à 110 kilomètres dans l’est de l’île Art (Belep) et atteint son intensité maximale, soit une pression au centre estimée à 940 hPa avec des vents moyens estimés à 90 noeuds (170 km/h) et des rafales à 125 noeuds (230 km/h). A 11 heures locales, BETI touche la Côte Est de la Grande-Terre, à mi-chemin de Hienghène et Touho (voir image satellite du 27/03/1996 00h UTC ci-dessous), poursuit son déplacement régulier et ressort en mer sur la Côte Ouest le même jour peu avant 17 heures locales, sur la baie de Gouaro. Au cours de la fin d’après-midi et en première partie de nuit, BETI, qui a légèrement incurvé sa trajectoire vers l’Est-Sud-Est, longe la Côte Ouest, passe à une quinzaine de kilomètres dans l’ouest de Nouméa vers 21 heures locales, avant de bifurquer, à la hauteur de l’île Ouen, vers le sud.

A partir du 28 mars en fin d’après midi, BETI devient tempête extra-tropicale.


Aide à la lecture de l’image satellite ci-dessous : les mesures satellitaires en infrarouge restituent le rayonnement thermique émis par la surface terrestre et les nuages. Les zones les plus chaudes (surface terrestre, nuages bas) apparaissent en rouge. Les zones les plus froides (nuages élevés constitués de glace comme les cirrus ou les cirrostratus, nuages à développement vertical élevé comme les nuages cumuliformes de type cumulonimbus) apparaissent en bleu. Lorsqu’un cyclone est pleinement formé, sa structure est bien visible : les bandes spiralées constituées de nuages cumuliformes apparaissent en bleu clair. La masse nuageuse très dense composée de cumulonimbus qui entoure l’oeil (appelée mur de l’oeil) apparaît en bleu foncé.


Image satellite GMS-3 infrarouge du 27/03/1996 00h UTC (11h locales)
Source : Knapp, K. R. and J. P. Kossin, 2007 :
New global tropical cyclone data from ISCCP B1 geostationary satellite observations.


Bilan des précipitations

Les fortes précipitations ont précédé les vents les plus importants et ont été enregistrées les 26 et 27 mars 1996. Le 26 mars, le cumul maximal en 24 heures a été mesuré à la station de Tiendanite (Hienghène) avec 325,0 mm. Le 27 mars, il a été enregistré par la station de Méa avec 556,0 mm.


Carte de pluies en 1 jour entre le 27 mars 1996 5h et le 28 mars 1996 5h (heures locales).
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Carte de pluies en 3 jours entre le 25 mars 1996 5h et le 28 mars 1996 5h (heures locales).
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Pour accéder à l’ensemble des cartes pluviométriques de l’épisode, veuillez consulter la rubrique Cartes pluviométriques.


Dégâts

Le cyclone tropical BETI n’a provoqué la perte d’aucune vie humaine. Seuls sont à signaler quelques blessés légers, souvent sans rapport direct avec le phénomène. En revanche, les dégâts sont importants voire très importants sur les biens d’équipement, le réseau routier, les réseaux d’alimentation électrique et hydraulique, les commerces et industries ainsi que pour l’agriculture. La Direction de la Sécurité Civile a estimé à 1500 le nombre de personnes évacuées dont 1000 sur Nouméa et sa région.

  • Agriculture

La quasi-totalité des cultures vivrières et maraîchères situées de part et d’autre de la trajectoire du cyclone pendant sa traversée de la Grande-Terre a été détruite, ainsi que toute la production en cours. L’agriculture en général a énormément souffert. Les dégâts ont été causés aussi bien par la force destructrice du vent que par les inondations dues aux fortes précipitations.

  • Habitations

Sur l’ensemble de la Grande-Terre, de nombreuses habitations, traditionnelles, précaires (squats de la périphérie de Nouméa) ou tribales ont été partiellement ou totalement détruites à cause du vent et des inondations.

  • Réseaux d’alimentation électrique et hydraulique

Des dégâts importants sont à noter sur les liaisons électriques principales (150 KV et 33 KV) : pylônes endommagés et portiques détruits en grand nombre.
De nombreux problèmes de distribution ou de qualité de l’eau courante (444800 comprimés de purification ont été distribués) sont intervenus. Entre autre, l’alimentation en eau de la ville de Nouméa a été totalement coupée pendant plus de 24 heures et il a fallu plus de 3 semaines avant que la situation ne redevienne normale à Hienghène.

  • Commerces et industries

Les dégâts aux commerces et aux industries sont dans l’ensemble modérés, toutefois les sites miniers de Poya ont été particulièrement touchés ainsi que les commerces de Bourail et Canala qui ont particulièrement souffert. On note l’échouage d’un bateau de pêche de la société Navimon devant les bâtiments du port autonome de Nouméa.

  • Réseau routier

Tous les axes routiers nord-sud ont été coupés par les inondations dues aux fortes pluies des 26 et 27 mars et les transversales par de forts éboulements.

Les lieux les plus touchés ont été :

• Sur la Côte Est : la zone de Thio à Hienghène avec de très gros dégâts sur Ponérihouen et Kouaoua.

• Sur la Côte Ouest : les régions de Bourail, La Foa et Boulouparis où les installations de l’hippodrome et les bâtiments d’une propriété d’élevage ont été détruits.

• Sur le sud : les zones d’habitats précaire de Nouméa, Dumbéa et Mont-Dore ont été concernées.


Ci-dessous, les éditions du 29 mars au 2 avril 1996 du journal Les Nouvelles Calédoniennes relatent les dégâts occasionnés par BETI.


Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 30/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 01/04/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 01/04/1996.
Source : les Nouvelles Calédoniennes, édition du 01/04/1996.
Source : les Nouvelles Calédoniennes, édition du 30/03/1996.
Source : les Nouvelles Calédoniennes, édition du 02/04/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 02/04/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 01/04/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 02/04/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 30/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 01/04/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 30/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 30/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 29/03/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 01/04/1996.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 02/04/1996.