Evolution de la pluviométrie sur Tahiti et Moorea


Variabilité annuelle

Les hauteurs de pluies annuelles en un point peuvent varier significativement d’une année sur l’autre. Sur les figures 1 et 2 sont présentées les hauteurs annuelles des pluies tombées respectivement sur Pueu 1 (côte sud-est) et Faa’a (côte nord-ouest) sur la période de disponibilité des données pour chaque station. Sur chaque graphe, la courbe en rouge matérialise la moyenne annuelle des hauteurs de précipitations sur la période des mesures. Lorsque la valeur des précipitations recueillies dans l’année se situe dans l’intervalle Moyenne+/-10 % de la moyenne, droites en pointillées noires, cette année est qualifiée de normale. Ces graphes illustrent la variabilité inter-annuelle de la pluviométrie avec des années où les hauteurs sont très inférieures ou très supérieures à la moyenne.

Figure 1 : Tendance à la hausse des normales de références (moyenne sur 30 ans). 3313 mm (1971-2000) et 3463 mm (1991-2020)

A Tahiti et Moorea, en dehors de quelques stations, les normales de précipitations, (1961-1990), (1971-2000), (1981-2010), ont baissé. Ainsi à Faa’a les différentes valeurs normales sont : 1 761 mm (1961-1990), 1 693 mm (1971-2000), 1 691 mm (1981-2010) et 1647 mm (1991-2020).

Figure 2 : Tendance à la baisse des normales de référence (moyenne sur 30ans).


Variabilité interannuelle

Les variations de long terme représentées par les régressions linéaires montrent des tendances qui varient peu. Sur les postes de Tahiti et Moorea, aucune tendance significative n’a été mise en exergue au regard du changement climatique.
Cependant on relève des variations liées à l’anomalie climatique connue sous le nom d’Oscillation Interdécennale du Pacifique (en anglais, IPO pour Interdecadal Pacific Oscillation), oscillation de basse fréquence qui a une période d’environ 40 ans.

Figure 3 : Evolution annuelle des pluies de Faa’a.
Les données ont été homogénéisées. Aucune tendance significative n’est observée. Les moyennes selon les phases de l’IPO sont reportées en traits tiretés noir.

Les phases positives ou négatives de l’IPO sont connues et depuis 1958, quatre phases ont été observées. Les moyennes des hauteurs de précipitations de Faa’a correspondant à ces phases sont : 1 645 mm (1958-1977, phase négative), 1 822 mm (1978-1998, phase positive), 1 456 mm (1999-2013, phase négative), 1 526 mm (2014-2021, phase positive) [Fig 2]. Au 31 décembre 2021, cette dernière phase n’est pas encore terminée. Entre une phase positive et une phase négative, l’écart maximal entre les hauteurs est de plus de 350 mm. Cette oscillation n’est cependant pas observée sur toutes les séries de mesure.


Variabilité des pluies extrêmes


Les données qui ont servi à alimenter ce paragraphe sont les données homogénéisées de pluies de Tahiti et Moorea pris au pas de temps quotidien, et sur une période commune soit un total de 10 séries homogénéisées sur les 19 disponibles.

L’avertissement des autorités et des populations sur le risque météorologique se fait principalement via la vigilance météorologique, mise en place en 2011 en Polynésie française, qui couvre les phénomènes susceptibles de se produire dans les prochaines 24 heures. La vigilance orange est déclenchée quand le phénomène météorologique associé peut être dangereux pour la population. Ces vigilances sont définies à partir de critère de seuil selon différents pas de temps allant de 3h à 48h.
En 24h le seuil de précipitations pour les îles hautes est de 150 mm et pour les atolls de 100 mm.

Sur l’ensemble des postes, le nombre de cas de pluies extrêmes (vigilance orange) est plus important pendant les événements positifs d’ENSO (El Niño – Southern Oscillation) comme l’événement remarquable de 1997-1998.
L’étude statistique montre une tendance à la baisse des épisodes de pluies extrêmes mais statistiquement non significatif au regard du changement climatique.

Homogénéiser une série de précipitations consiste à isoler et à éliminer le biais dû aux changements dans les conditions de mesure, afin de ne conserver que le signal lié aux variations climatiques.

Figure 4 : Evolution annuelle des pluies extrêmes.
Total des épisodes de pluies avec un cumul quotidien supérieur ou égal à 150 mm (seuil de vigilance orange).


Pour en savoir plus sur le climat de la Polynésie française :