L’activité et la position de la ZCPS dépendent de la saison ; elles dépendent également des phases climatiques ENSO.
ENSO désigne les modifications de la circulation atmosphérique dans le Pacifique équatorial ainsi que les anomalies de température de l’océan qui y sont associées. On distingue 3 phases ENSO : la phase neutre, la phase El Niño et la phase La Niña.
En phase neutre de l’ENSO
Les alizés soufflent d’est en ouest sur l’océan Pacifique tropical. Ils provoquent une remontée d’eau des profondeurs au centre et à l’est de l’océan Pacifique équatorial, ce qui se matérialise par une langue d’eau froide. Ils entraînent également une accumulation d’eau « chaude » à l’ouest du bassin. Dans la bande équatoriale, on observe ainsi un contraste important de températures de surface de la mer entre l’ouest où l’eau est en moyenne très chaude (T>29°C) et l’est du bassin où la mer est beaucoup plus fraîche (T comprises entre 20°C et 26°C en fonction de la saison) (fig. 5). Cette configuration thermique de l’océan est couplée avec l’atmosphère : sur le plan de l’équateur, on observe une cellule de circulation générale (cellule de Walker), matérialisée par un flux d’est au niveau de la mer, une zone de fortes précipitations au dessus des eaux chaudes à l’ouest (Indonésie, Papouasie, îles Salomon) et une zone de subsidence (l’air se déplace du haut de l’atmosphère vers le sol) caractérisée par des conditions sèches dans l’est du bassin (côtes péruviennes).
En phase El Niño
Lors d’une phase El Niño, les alizés s’affaiblissent au niveau de l’équateur si bien que la langue d’eau froide équatoriale, habituellement située à l’est du bassin (voir plus haut les explications sur la phase neutre de l’ENSO), laisse place à des eaux de surface plus chaudes que la normale. El Niño se caractérise ainsi par des températures de surface de la mer plus élevées que la normale (supérieures à +0,5°C) dans le Pacifique central équatorial (fig. 6).
En phase La Niña
En phase La Niña, les alizés s’intensifient le long de l’équateur. La remontée d’eau froide sur le bord Est de l’océan Pacifique est alors accrue, tandis que des eaux plus chaudes que la normale sont observées à l’ouest du Pacifique. La Niña se caractérise ainsi par des températures de surface de la mer plus basses que la normale (inférieures à -0,5°C) dans le Pacifique central équatorial (fig. 7).
Influence d’El Niño sur le climat de Wallis-et-Futuna
ENSO provoque une variabilité de la ZCPS en termes de position géographique et d’intensité. Lors d’un épisode El Niño, la ZCPS devient plus zonale (sa branche diagonale se rapproche de l’équateur) et plus active. La position moyenne de cette dernière s’éloigne ainsi de Wallis et Futuna. Ce fut le cas par exemple lors de l’épisode El Niño 1997-1998 qui reste l’un des plus forts de ces 50 dernières années (fig. 8).
Il est donc légitime de penser que durant un épisode El Niño, la pluviométrie diminue sur ces îles. Pourtant, une étude (Caractérisation des forts épisodes El Niño sur Wallis et Futuna, Benjamin Brial) menée en 2016 pour déterminer l’influence des forts épisodes El Niño sur les précipitations à Wallis et Futuna conclut que les épisodes El Niño de forte intensité n’affectent pas significativement les cumuls mensuels de précipitations mesurés sur ces îles. Cette conclusion contre-intuitive semble résulter de la modification des régimes de vents en période El Niño. En effet, les alizés d’est à sud-est chauds plus forts et plus fréquents durant El Niño amènent sur ces îles une couverture nuageuse (cumulus et stratocumulus) plus importante. Ainsi, malgré l’éloignement de la ZCPS, l’atmosphère en basse couche peut rester humide et propice à la formation d’épisodes pluvieux. Les conclusions de cette étude doivent toutefois être considérées avec réserve étant donné le faible nombre d’épisodes El Niño de forte intensité : seulement 4 épisodes sur ces 50 dernières années.
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